L'AUDACE

POLITIQUE
DES MORTS, DES GRÉVISTES DE LA FAIM :
JUSQU'OÙ VA BEN ALI


Mort d'un étudiant de 18 ans
Affaire Haroun M'Barek, enfin libéré
Informations inédites
sur les 7 familles qui pillent la Tunisie


Corruption - Jeu de 7 Familles
SLIM CHIBOUB, LA CONSPIRATION
TUNISIENNE EN MARCHE



Journée internationale de la presse :
Vérités et mensonges de Ben Ali


Cartes sur table avec Me Néjib Hosni


N°75/76 mai-juin 2001

Sommaire

Editorial : Libérez tous les prisonniers !!
Mieux vaut le dire
Slim Chiboub : la conspiration tunisienne en marche
Cartes sur la table avec Néjib Hosni libéré
Mort suspecte d'un jeune de 18 ans en prison
Expulsion d'un enseignant français
Jugeons-les
La mise au point de Ahmed Bennour
Vive la Ligue, par Khémaïs Chammari
L'opinion de Sadri Khiari
Droits de l'homme
L'affaire Haroun M'Barek
Lettre ouverte de Ismaï Sahbani au CRLDHT
Journée mondiale de la presse
Grèves de la faim
Opinion : Chronique d'une débâcle annoncée III
Droits de l'homme
Presse Internationale : Tibétains et Tunisiens manifestent place des Nations
Carte blanche de Moncef Marzouki
La Plume déchaînée


EDITORIAL


Libérez tous
les prisonniers !!

A en croire les thuriféraires et autres laudateurs du régime du non-droit, la Tunisie a déjà accompli de grands pas vers la démocratie dont l'instauration totale serait parachevée à l'horizon de 2004. Ces hypocrites de tous bords sont-ils seulement convaincus de leur propre propagande ? Nous en doutons fort. Et les faits récents ne font que confirmer la triste réalité dans laquelle se débat la Tunisie.
En effet, les gesticulations des ministres et du Parti du Général Ben Ali pour convaincre l'opinion internationale que le régime est sur la bonne voie, sont accompagnées de faits qui les contredisent.
L'on peut, à ce sujet, nous pencher sur le calvaire des prisonniers politiques et d'opinion. Plus d'un millier de prisonniers islamistes, injustement incarcérés et placés dans l'isolement le plus total, sont en train de s'éteindre à petits feux dans ce vaste goulag qu'est devenue la Tunisie depuis qu'elle est écrasée sous une botte policière, et qu'un Général corrompu préside à sa destinée. Des morts, il y en eut par dizaines qui doivent interpeller la communauté internationale sur les centaines d'autres morts en sursis, quotidiennement en butte à l'humiliation, à la torture et aux mauvais traitements. Oui, dans la Tunisie qui accueille cinq millions de touristes par an, les prisonniers d'opinion ne quittent souvent l'enfer carcéral que pour un grand et dernier voyage...
Dans ce sens, une grande mobilisation à l'échelle internationale devrait être effectuée sans délai afin de sauver ces âmes humaines des griffes d'un régime brutal et de son chef meurtrier.
La libération de Me Néjib Hosni ne peut que nous démontrer encore une fois la nécessité de la mobilisation générale parce que ce régime ne plie que sous la pression. Un Général au pouvoir n'est, somme toute, qu'un exécutant de son chef. Il obéit aux ordres. C'est pour cela que nous lui disons sans complexe: libérez, libérez et laissez circuler. Il a pour ordre maintenant d'élargir toute les victimes de son enfer carcéral. Il faut qu'il commence par régler le problème de Hamma Hammami, et laisser se mouvoir tranquillement sa femme Radhia Nasraoui, Moncef Marzouki ; il faut qu'il laisse les enfants de ces militants en paix, et il faut surtout, surtout ... qu'il s'en aille et qu'il laisse laisse la Tunisie à ceux qui sont dignes de la gouverner : ces enfants intègres, ces fils et ces filles probes, ceux qui n'ont pas volé et ceux qui ne voleront jamais... tant qu'il est encore temps.
A ce titre l'occasion m'est prêtée de répondre publiquement au Général corrompu et à tous ceux qui l'entourent que "L'Audace" n'a pas de prix. Je croyais personnellement avoir répondu à une première offre en disant que c'était "Non" ; avoir répondu à une seconde offre en affirmant : "Allez vous faire voir, c'est encore non". La troisième démarche que je rends publique et qui vise à soudoyer ce journal, a pour réponse : "Non, non et non". Ni les pressions sur la famille n'infléchiront ce journal, pas plus que les propositions alléchantes qui ont fait plier plus d'un...
Le métier de journaliste est un dur métier dont un flic inculte ne peut évaluer les valeurs : probité, honnêtété. Notre moteur principal est de participer à faire sortir la Tunisie de la diète intellectuelle dans laquelle l'a installée Ben Ali, de reconstruire une génération d'enfants "sous-éduqués" et de redonner à la presse la place qu'elle mérite dans un pays de droit.
Le combat de ce journal fut d'avant-garde ; "L'Audace" demeurera en quelque sorte le gardien du temple tant que perdurera la dictature et ne pliera sous le poids d'aucune surenchère. Nos amis, ce sont les prisonniers, les exilés et les bannis de la Tunisie.
Ils ne seront jamais les membres d'une caste mafieuse qui a pillé notre pays.

Slim Bagga





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MIEUX VAUT LE DIRE


Arrogance
Pour la première fois dans l'histoire de la diplomatie franco-tunisienne, le premier responsable de la DGSE à l'ambassade de France à Tunis a été renvoyé. Diplomate, celui-ci aurait dû bénéficier de l'immunité diplomatique.
Quand on sait que trois cents flics tunisiens se meuvent dans la capitale de l'Hexagone et agressent parfois en toute impunité les opposants tunisiens, l'on peut se demander comment et avec quelle arrogance un responsable français a pu être éjecté de l'ambassade, sans que la presse en soit informée.
Nous nous interrogeons, par ailleurs, sur ce que va chercher M. Josselin, ministre français de la Coopération, chez Ben Ali lors de son voyage le 2 juin.
Les observateurs s'inquiétent, en cette période de cohabitation, sur la personne qui se "déculoterait" en faveur d'un régime dictatorial.
Vive les marchés, nous dit-on...

Commençons par une blague: "LPDVENAN 11"
Comme nous l'avions annoncé dans des éditions précédentes de "L'Audace", la villa de Sidi Dhrif appartenant au Général-président, construite sur les deniers de l'Etat, s'est bel et bien fissurée.
L'on raconte que le jour où les murs ont craqué et que des tonnes de pierres glissèrent dans la piscine, les agents de sécurité ont contacté Carthage pour en informer le Président. Le téléphonne sonna plus de dix fois sans que nul ne décrochât. Le Général écouteur, se trouvant à côté de ses ordinateurs, finît par décrocher lui-même, apprit la nouvelle et annonça qu'il arrivait immédiatement.
Sur place, il remarqua que 5 agents étaient plaqués contre le seul mur non fissuré. Prenant peur pour eux, il leur demanda de s'éloigner, ce qu'ils refusèrent de faire avant d'obtempérer. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant peinte sur ce mur l'inscription "LPDVENAN 11".
Il fit venir illico son ministre de la Sécurité, Mohamed Ali Ganzoui, et lui intima l'ordre de déchiffer ce graffiti. Deux heures plus tard, le ministre lui téléphonna et demanda à le voir. Ben Ali, pressé, lui ordonna alors de communiquer sur le champs les résultats de cette investigation:
"LPDVENAN 11, Monsieur le Président, signifie :"La Politique De Votre Excellence Nous A Niqués Un à Un".
(voir la partie arabe pour l'original de la blague).

Blague encore : la baleine
Le peuple tunisien, qui ne tarit pas d'histoires drôles sur son Président adoré, raconte dans les cafés de l'avenue Bourguiba comment Ben Ali rencontre les présidents Bush et Chirac qui lui proposèrent une sortie en mer en barque.
Survint alors une tempête, la barque est renversée et chacun des trois Présidents essaye de sauver sa peau. Chirac râme de son côté, Bush râme lui-aussi. Arrivés sur la rive, les deux hommes trouvèrent Ben Ali installé sur une chaise longue.
- Comment avez-vous fait pour arriver si vite, alors que nous avons mis des heures à atteindre le rivage ?
- Je me suis trouvé dans la gueule d'une baleine qui m'a demandé comment je m'appelais. Au nom de Ben Ali, elle m'a recraché et c'est ainsi que je me retrouve sur le sable.

Les biens et les vêtements de Bourguiba
A l'approche de l'été peut-être, mais c'est surtout aussi par cupidité, le lit, le peu de vêtements du président Bourguiba sont en train de disparaître du Palais de Monastir-Skanès.
Courageux voleurs... du bout de la nuit puisque ces opérations ont lieu vers 2h du matin. Pour les historiens qui se souviennent de Kamel Ataturk, ces spoliations sont révélatrices d'un état d'esprit d'une famille assoiffée d'argent avant le pouvoir. "Par exemple, nous affirment-ils, lorsque le fondateur de la République turque mourut alors qu'il dînait de pois-chiche, son assiette non-finie fut conservée dans un musée à Ankara (capitale de Turquie), à proximité de son mausolée. Aujourd'hui on déménage le lit et les casseroles de Bourguiba, allez savoir vers où ?"

Belhassen Trabelsi, l'honneur de la Tunisie
Dans nos précédentes éditions, nous vous avons raconté les péripéties de Leila avec les douanes françaises qui ont fini par déposer plainte. Nous savons aujourd'hui que ce ne sont pas les services de sécurité de la première dame de Tunisie qui eurent maille à partir avec la douane française au sujet de la TVA de ses achats, mais bien son propre frère Belhassen, chef de gang ou chef de bande de la famille ripoux des Trabelsi.
Arrêté menottes au main (ce qui signifie une garde à vue), c'est sur l'intervention de l'ambassade de Tunisie qu'il fut relâché et que le Falcon présidentiel put décoller immédiatement.
Voilà pour l'honneur de la Tunisie. Cela nous rappelle la triste affaire de 1992 impliquant le propre frère du Présdent, condamné par contumace à 10 ans de prison pour traffic de drogue... Lors de son arrestation, ce fut l'ambassadeur d'alors qui intervint pour le relâcher. Le juge Ricard avait alors transmis un dossier étayant sa culpabilité et la Commissaire des renseignements généraux, Joêlle Pontneau, dans un livre tristement célébre "Paroles de flics, la brigade des stups", avait évoqué ce Paolo, Mina, "ce type bien sapé" (Moncef Ben Ali) et leurs deux kilos de "fanta" dans le quartier de l'Opéra.
Par discrétion, l'affaire était connu sous le nom Gazzini, pour ne pas dire Ben Ali.

Les révélations d'un expert financier
Selon un expert financier, dont nous taisons le nom par crainte de représailles, deux fléaux menacent l'avenir économique de la Tunisie : le marché parallèle et la corruption. Selon ce même expert, Ben Ali est devenu prisonnier des groupes financiers tunisiens notamment les Chiboub, Mzabi, Chaïbi, Gilani, Trabelsi, Miled, Abbes, El Kateb, Hamrouni, etc...
Au sujet de la famille Mzabi, ne serait-il pas opportun de signaler ici que les richissimes Mzabi sont les gendres de Taieb Zahar, actuel Pdg du méconnaissable "Réalités"?

Pourquoi Ben Ali ne changera pas L'imposture selon laquelle le Général-président démocratiserait bientôt la vie publique en Tunisie, véhiculée par son ministre des droits de l'homme dans le quotidien "Le Monde", peut être démontée à travers cette information dont nous vous donnons la primeur :
Récemment, Marouène Mabrouk, époux de la troisième fille Cyrine du Général, demanda à le rencontrer en tête à tête et lui tint à peu près ces propos : "La famille est très contestée par la population; pour prévenir le pire, il vaut mieux calmer le jeu et sommer certains membres de la famille Trabelsi de faire attention à leurs comportements ostentatoires".Réponse du beau père : " Ne me répète plus jamais ça, ma famille est la tienne". Quinze jours plus tard, le beau fils aurait eu une crise cardiaque.

Une haine incurable
Deux émissions enregistrées par la chaîne ANN, propriété de Rifaat El Assad à Damas, avec l'ancien Premier ministre Mohamed Mzali et l'ancien super ministre Ahmed Ben Salah n'ont pas été diffusées... Suite à un paiment de US$ 400 000 de Ben Ali pour les interdire !
Voilà à quoi sert le compte 26/26 et comment l'argent du pauvre contribuable est détourné vers des chaînes étrangères.

Incident à Carrefour, Sidi Daoud La Soukra
L'ouverture de Carrefour courant avril suscita de violentes réactions populaires. Il faut savoir que le magasin français affichait de grandes promotions à l'occasion de son ouverture, et ce sans aucune mesure de sécurité particulière. Peut être que les RG n'avaient pas fait "convenablement" leur travail.
Résultats : raz de marée à l'ouverture, vol à l'arrachée de téléphones portables et autres produits qui ne sont pas de première nécessité. Dès le lendemain, le magasin fut quadrillé et les entrées filtrées. Mais ce n'est là qu'un aspects du problème. Le second relève de la guerre des clans : "miraculeusement", Belhassen Trabelsi requisitionna le terrain juste en face, propriété de l'AFH (Agence foncière de l'habitation) pour y installer une filiale d'Auchan. Comme quoi les couteaux sont tirés entre ces deux familles proches. Après tout peu importe que ces ripoux s'entretuent, le problème est que des familles entières candidates à un logement depuis des années ne sont pas prêtes de voir s'ériger leurs nouveaux immeubles.
Nous ne comprenons pas pourquoi Gérard Mulliez, Pdg d'Auchan, qui avait promis, il y a quelque années, "de ne pas investir dans une république bananière" a soudainement changé d'avis.
Quant au troisème aspect, il faut savoir que ce terrain Carrefour était à vocation agricole et que là, ce sont les paysans qui ont été spoliés.

Cartes "Privilège"
Maintenant c'est fait et ça commence à exaspérer l'opinion publique : les cartes "Privilège" délivrées par Carthage sont de véritables passedroits.
Du format de la carte d'identité avec photo du détenteur, ces cartes sont acceptées par les commercants sans aucun commentaires... et permettent aux membres de la nomenclature d'accéder gratuitement aux grandes surfaces, aux agences de voyages, aux hotels pour les réceptions et les consommations d'alcool.
A titre d'exemple, une nièce de Ben Ali vient de se marrier dans un grand hotel de la capitale, aux frais de l'aubergiste...

Scandale à Sidi Sahloul dans le Sahel
La femme de Kaïs Ben Ali, le neveu du Général, a été à l'origine d'un incident à Sousse, où elle a giflé le professeur Sakkouhi, chef du servic de chirurgie et professeur à la fac.
La femme de Kaïs Ben Ali s'est présentée à l'hopital pour rendre visite à une parente malade se trouvant dans le service de réanimation. Le réglement de l'hopital interdisant les visites dans ce service, elle a été empêchée d'y entrer. Elle a alors insulté et giflé le professeur en présence de tout le personnel.
Du coup, les médecins ont observé une grève en signe de protestation. Quant au professeur Sakkouhi, il refusa de rejoindre ses fonctions.

Kaïs Ben Ali toujours
Toujours dans le Sahel et plus précisement à Menzel Kamel, des grincements de dents se font entendre au sujet d'un trafic sur le marché des pièces de rechanges automobiles volées, importées de Monaco et de la Cote d'Azur grâce à la complicité d'un important réseau, chapeauté en Tunisie par ce même neveu.
Un autre motif de mécontentement concerne le marché de l'électroménager dans la ville d'El Jem, lui aussi sous la houlette de Kaïs Ben Ali.
Ce trafic s'est enraciné aussi à Menzel Harb, Sousse et Msaken...

La coiffeuse de Hillary Clinton à Tunis
"Hair line 2001 Seminar" est le grand événement destiné aux professionnels de la coiffure et a été organisé par "International cosmetics laboratories", partenaire de Wella, leader allemand de la coiffure et de la coloration.
L'événement a eu lieu les 6, 7 et 8 mai à l'hôtel "Résidence Gammarth" et a été animé par Miss Teri Dougherty, artiste coiffeuse de renommée internationale.
Rappelons que Miss Dougherty est directrice artistique d'un des plus gands salons de coiffure au monde (San Francisco) et compte, entre autres clientes célèbres, Madame Hillary Clinton.
Une grande manifestation qui permettra aux professionnels de la coiffure en Tunisie de se familiariser avec les dernières nouveautés de la mode. Ndlr : dont acte.

Kasserine : Affaire Kamel Hamzaoui
Dans nos précédentes éditions, nous avions évoqué le cas de Kamel Hamzaoui, membre du Comité central du RCD, sacrifié sur l'autel du 26-26 pour avoir refusé de se prêter au jeu malsain dans lequel excellent, depuis le 7 novembre, les hommes voués aux courbettes.
Victime des magouilles de Abdallah Kallel; condamné à 13 ans de prison dans le cadre d'un procès expéditif qui a même vu l'un des juges obligé de démissioner du Tribunal du Kef, Kamel Hamzoui, aujourd'hui sous écrou depuis 32 mois, ne supporte plus de se taire. Du fond de sa prison, il crie sa révolte et dévoile un dossier compromettant le trésorier du RCD, ce même Abdallah Kallel, fugitif, soustrait aux recherches de la Justice suisse et du Tribunal pénal international pour crimes de torture, grâce aux moyens de l'Etat. Ce dossier qui vient de parvenir à "L'Audace", met en lumière les interventions en haut-lieu sur ordre de A. Kallel, pour que la Justice ne joue pas son rôle en toute indépendance.
Et qu'un innocent, qui a mis l'essentiel de son existence à servir son pays, se trouve jeté derrière les barreaux comme un vulgaire malfrat. Une issue à cette affaire est aujourd'hui indispensble. Les 300000 habitants de Kasserine sont éprouvés par l'injustice qui frappe Kamel Hamzaoui. Et "L'Audace" se fera le devoir de dénoncer les magouilles d'un fugitif et du régime qui le protège.

Le courage du Président
C'était en plein Conseil des ministres. Slaheddine Maaoui, exaspéré par l'interdiction du journal "Le Monde", qui a publié son interview, a exprimé son mécontentement à l'égard de cette mesure, d'autant plus que c'était Ben Ali qui avait donné son accord sur le contenu de cet entretien.
Le ministre des droits de l'homme prit alors à partie le porte-parole du Président, et ce dernier de répondre : "J'ai exécuté des directives du Président". Ben Ali, présent, s'est bien gardé d'intervenir...

Divergences entre Ben Ali et le Bureau politique du RCD
Au lendemain du communiqué du PS français, le Bureau politique du RCD jugeait que la référence au colonialisme français était inadéquate. C'est Ben Ali qui imposa son point de vue, soutenant que les dirigeant français n'étaient pas ses amis et n'avaient jamais toléré "qu'il gouverne". (voir p 12 et 13 la haine de Ben Ali envers la France. Il y eut l'affaire Mermet, celle de Jean François Poirier et maintenant celle de Pierre Leost). Sans oublier bien sûr le renvoi de Tunisie du premier patron de la DGSE).
Mais sur quelle corde donc joue le gouvernement de Jospin ?

Censure
La télévision d'Abou Dhabi aux Emirats arabes unis a consacré une série de reportages sur Bourguiba. Parmi les personnalités contactées, Mohamed Mzali (ancien Premier ministre) interviewé à la capitale des Emirats puisqu'il ne peut pas rentrer en Tunisie, Mohamed Masmoudi et Beji Caïd Essebsi (anciens ministres des Affaires étrangères), ... et Mohamed Sayah, considéré comme le fils spirituel de Bourguiba.
Toutes ces émissions ont été programmées hormis la dernière, celle de Mohamed Sayad.
Mieux encore, l'ambassadeur des Emirats à Tunis a été convoqué et le journaliste émirati menacé d'expulsion immédiate de la Tunisie en cas de diffusion de cet épisode dans lequel l'ancien directeur du Parti s'était exprimé.

Menace de mort contre un journaliste franco-tunisien
Dans un fax adressé tout récemment à Taoufik Mathlouthi, président de Radio Méditerranée à Paris, des menaces de mort l'avertissaient "de subir bientôt le sort de Mohamed"... Le "Mohadmed " fait allusion au garçonnet mort sous les balles israéliennes tout au début de l'Intifada.

Un juge tunisien condamné aux Etats-Unis par une "vraie justice", accusé d'actes indécents
A Williamburg, un juge tunisen en visite au Centre national de la Cour fédérale est passé lui-même en Cour pour "exhibitionisme"
Mohamed Habib Ghariani a été arrêté par la police et accusé de deux comptes d'exhibitionnisme devant une Université, et sur la rue Duke of Gloucester Lors d'une brève audience, Mohamed a reconnu l'un de ses torts et a été condamné à 30 jours d'emprisonnement, après lesquels il sera refoulé vers son pays.
Quelle honte pour la Tunisie.
Et dire qu'il s'agit d'un juge...

Auto-mutilations en prisons
Fin mai, trente prisonniers politiques se sont auto-mutilés dans la prison du 9 avril à Tunis. Ils sont tous jeunes, ils ont entre 25 et 30 ans et protestent contre leurs conditions de détention.
Mais il n'y a pas que ça, puisque des cadres et des militants d'Ennahdha ont entamé le 24 mai une grève de la faim dans la même prison. Il s'agit de Sadok Chourou, ancien président d'Ennahdha et de Habib Trabelsi, Faouzi Amdouni, Mounir Tarhouni, Béchir Ben Amor, Mohamed Mathlouthi, Walid Ferchichi, ... La liste est encore longue...
Eux aussi seront libérés... bien avant 2004...



Reporters sans frontières
Dans sa lettre n¡160 de mai 2001 "Attention prédateurs", Reporters sans frontières publie une liste de 31 chefs d'Etats qui "veulent tuer les mots de la liberté. Arrêtons-les". Dont Zine El Abidine Ben en Tunisie : "En dix ans, il a muselé toutes les voix discordantes. La censure est systèmaique. La presse, privée ou publique se caractérise par son uniformité de ton. toute information susceptible de constituer une critique du régime est interdite. entre avril et mai 2000, Taoufik Ben Brik a fait une grève de la faim pour protester cotnre la saisie de son passeport et le harcèlement dont il était l'objet" .

La délocalisation gagne la Tunisie
C'est ainsi que plusieurs chefs d'entreprises tunisiens se sont installés en Afrique du Sud et aux Philippines.
On nous parle de l'accroissement des investissements en Tunisie. Alors est-ce la rapacité des sept familles qui fait hésiter les investisseurs étrangers et qui fait fuir les investisseurs tunisiens ?

Il était une fois l'opposition
Depuis 1989 et la dérive autoritaire qui s'est abattue sur le peuple tunisien, des milliers d'opposants sont, en effet, déconcertés.
Voilà un opposant qui insulte un autre opposant... Et il faut dire que l'affaire Taoufik Ben Brik qui avait mis sur la scelette ce régime ripoux, a facilité les choses. Il se trouve qu'un "rat" ne parvenant même pas à émerger des égouts, tempête, insulte et menace un lion.
Mais où allons nous?
Il faut dire que la médiocrité de Ben Ali a permis toutes ces dérives dans la mesure où la porte qu'il a ouverte a suscité le délire de tous les salauds bercés dans les bras des dictateurs.
"L'Audace" ne demandra pardon à personne, ni à ceux qui s'en sont portés éphémèrement la voix.
"L'Audace" a des amis, farouches et tenaces. Il s'essayera toujours de sortir ces rats de leurs égouts. C'est vrai qu'il n'y parvient pas, mais c'est vrai que ce journal est en marche, et comme le disait Zola : "Rien ne l'arrêtera".






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A LA UNE


Eliminatoires du mondial 2002 (groupe D)
La conspiration tunisienne en marche

La Tunisie veut aller coûte que coûte au Mondial. Par tous lesmoyens, licites et illicites. Dernière arme après la réintégraton du Congo dans ces éliminatoires, la requête déposée par la FTF pour l'inversion des rencontres.
Décidément, tout semble mis en oeuvre pour faire barrage à la Côte d'Ivoire qui est en course comme la Tunisie pour le Mondial 2002. Le match nul (1-1) obtenu dimanche dernier au stade El-Menzah par les Eléphants a bouleversé les plans diaboliques de Slim Chiboub, vice-président de la Fédération et de tous les charlatans qui veulent bafouer l'éthique sportive pour permettre aux Aigles de Carthage d'être en Asie l'an prochain. On a encore en mémoire cette gymnastique faite par la FIFA avec le soutien de la CAF pour que le Congo, qui avait déclaré forfait, revienne dans la course. Encouragé, dit-on par les Tunisiens.
La Côte d'Ivoire, bon gré mal gré, avait accepté cette décision injuste et arbitraire de rejouer le match qu'elle avait gagné sur tapis vert. A l'arrivée, une victoire des Eléphants (2-0) à Abidjan. Succès qui a apparemment dérangé à la veille du déplacement périlleux de Tunis dimanche dernier. L'arbitre zimbabwéen Félix Tangawirama n'a pu jouer sa partition honteuse qu'à moitié. Les poulains de Lama Bamba en voulaient le 20 mai dernier. Dernier jocker brandi par ceux qu'on peut qualifier aujourd'hui de tricheurs, une requête déposée, selon des sources concordantes, mardi dernier à 11h sur le bureau de la CAF, de la FIFA. L'objet? L'inversion des rencontres des dernières journéees des éliminatoires du Mondial.
Pour rappel restent à jouer les 29 ou 30 juin : Tunisie - Congo, Côte d'Ivoire - Madagascar; le 13 ou le 15 juillet Congo - Côte d'Ivoire, RDC - Tunisie ; enfin le 27 ou 29 juilltr : Côte d'Ivoire - RDC. Logique calendrier si on tient compte de la volonté des instances dirigeantes du football mondial de reprogrammer le match contre le Congo.
Dans son édition du 23 mai dernier, la presse tunisienne, faisant référence au match éliminatoire du Mondial 94 entre l'Argentine et l'Uruguay, veut fausser la donne. Ces deux pays avaient le même nombre de buts et l'Argentine devait être exempte lors de la dernière journée. L'ultime journée avait eu lieu le même jour et à la même heure. Soit, mais on se demande pourquoi faut-il toujours que les revendications viennent de la Tunisie ? (Ndlr: Aigles de Carthage et Espérance de Tunis). Leur point commun est sans doute le tristement célèbre et richissime Slim Chiboub, beau-fils du président Ben Ali. "Le nul de dimanche dernier entre la Tunisie et la Côte d'Ivoire entraîne une nouvelle situation. La qualificiation se jouera probablement au niveau du goal différenciel. Sur ce point, la Côte d'Ivoire est légèrement avantagée. Notre adversaire jouera la dernière journée chez lui face à la RDC. Alors que la Tunisie sera exempte. Les Ivoiriens auront l'avantage de savoir ce qu'il leur restera à faire pour assurer la qualification". Le mot est lâché. Les Tunisiens ont peur que d'autres appliquent ce qui semble être leurs pratiques, la compromission, le trafic d'influence. N'ayant plus les cartes en main, ils sont soucieux. Même s'ils ont encore, dit-on, la possibilité de choisir ou d'influer sur le choix des arbitres qui vont officier les matches de la Côte d'Ivoire. Voilà donc ce que la FTF (Ndlr: Fédération tunisienne de football) a proposé, selon nos confrères tunisiens. "A notre avis, la FTF doit intervenir et proposer à la FIFA d'inverser les journées, ce qui donnera: Côte d'Ivoire - RDC et Congo - Madagascar le 15 juillet ; RDC -Tunisie et Congo - Côte d'Ivoire le 31 juillet". Sans gêne. De quel droit aujourd'hui, la FTF peut proposer cela à la FIFA? Comme si cette dernière ne lui avait pas suffisamment facilité les choses.
Ce qui précède doit interpeller au plus haut niveau les Autorités ivoiriennes. Certains membres de la FIFA ont peur d'aller au charbon, histoire de préserver certaines amitiés (?) C'est un leurre, car, dans ce milieu, il n'y a pas de sentiment et c'est une affaire hautement nationale. La ministre des Sports et des loisirs Bro Grébé Geneviève est aussi interpellée. Ce n'est pas tout de demander la mobilisation des Ivoiriens, iI faut aussi que l'on sente la présence, la pression du gouvernement dans ce qui s'apparente à un hold-up. Au sommet de l'Etat, Laurent Gbagdo, grand sportif, doit aussi s'impliquer comme le font Ben Ali en Tunisie, Obasandjo au Nigeria, Paul Biya au Cameroun. Le Mondial n'a pas qu'un aspect sportif, il y a aussi une manne financière, un côté politique, touristique et surtout une notoriété certaine. Il faut donc un lobby fort pour défendre ce dossier, récuser certains arbitres en mission commandée contre la Côte d'Ivoire. Sans cela, et on le constate dans divers domaines, autant jeter l'éponge et préparer l'opinion publique à l'échec. La Côte d'Ivoire a besoin de se repositionner sur l'échiquier mondial à tous les niveaux. Cela passe aussi par le sport. Comprenne qui pourra ou voudra, mais il ne servira à rien de vouloir jouer les médecins après la mort.

Elyane Hervo
Notre Voie,
Abidjan, Côte d'Ivoire





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A LA UNE


Néjib Hosni libéré :
cartes sur table avec
l'avocat défenseur des libertés
interview réalisée par Slim Bagga

"L'Audace" : Alors, enfin libéré ?
Néjib Hosni : J'ai été libéré le 12 mai au soir, suite à une grâce présidentielle. J'aurais tant souhaité que cette libération ait touché tous les prisonniers politiques dans le cadre d'une amnistie générale.

"L'Audace" : Votre double emprisonnement et les tracasseries que vous avez subies, font de vous aujourd'hui une personnalité internationalement connue. Seriez-vous tenté par l'aventure politique?
Néjib Hosni : Une carrière politique... Jamais...J'adore ma profession d'avocat et de défenseur des droits de l'homme.

"L'Audace" : Que pensez-vous de l'interview, et surtout des réponses, de Slaheddine Maaoui, ministre des droits de l'homme et de la Communication, dans Le Monde, selon lesquelles tout est sur le point de changer dans le bon sens en Tunisie?
Néjib Hosni : L'interview de Maâoui, je ne l'ai pas lue car elle n'a été rapportée par aucun moyen de presse en Tunisie ! ! ! Et moi qui vis en Tunisie, je ne peux donc pas répondre à votre question ... En tous cas vos lecteurs comprendront ma réponse ! ! !

"L'Audace" : Que pensez-vous de certains défenseurs des droits de l'homme qui considèrent que certains doivent être énergiquement défendus sans avoir droit à l'exercice de la politique (je pense notamment aux islamistes) ?
Néjib Hosni : Le droit à la liberté est le droit de tous. S'il y a un combat pour les droits de l'homme, chez un avocat, en tout cas dans mon cas, c'est la défense de tous. C'est un devoir professionnel... Un avocat qui ne défend pas les droits et les libertés n'est pas digne de la profession.

"L'Audace" : Le pouvoir a prétendu en vous incarcérant, que vous étiez islamiste (comme si c'était une tarre)...
Néjib Hosni : En ce qui concerne les islamistes, je m'attacherai à leur défense jusqu'à ce qu'ils puissent recevoir pleinement leurs droits et libertés. Là s'arrêtera mon devoir d'avocat et de défenseur de la liberté

Samedi 12 Mai, Néjib Hosni a été libéré. Curieusement, et tant mieux d'ailleurs, dès le lundi 14, il a pu rejoindre le Barreau sans qu'on lui oppose la farfelue interdiction de plaider décrétée quelques semaines auparavant par le Pouvoir.
Devrions-nous mettre ce geste sur le compte de la philantropie présidentielle, de sa clémence, de sa grâce ou de son abdication face aux forces de la résistance ?
En tout état de cause, Me Hosni a certes repris le chemin des Tribunaux, mais il demeure toujours interdit de téléphone, de fax et de courrier électronique. Comme quoi, le combat pour Néjib n'est pas encore terminé...


S.B.





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DERNIERE MINUTE


Mort suspecte d'un jeune
de 18 ans en prison

Le CNLT est vivement préoccupé par la multiplication des cas de mort en détention ces derniers mois.
En effet, après le décès dans des conditions suspectes du jeune Ryadh Bouslama (22 ans) le 29 décembre 2000 à la prison de Monastir ; celle de Abderrahman Jehinawi (23 ans) le 9 mars 2001 après 3 mois de détention préventive à la prison de Borj El Amri, suite aux tortures et aux mauvais traitements qu'il a subis ; celle de Zine Ben Brik le 27 avril 2001 à la prison de Bulla Reggia à Jendouba suite aux négligences coupables de l'administration carcérale.
Le CNLT vient d'être saisi du décès du jeune Hassène Azzouzi âgé de 18 ans à la prison civile de Tunis survenu le 12 mai courant. Une accumulation de négligences coupables conjugués aux mauvais traitements sont à l'origine de la mort de ce jeune qui était bien portant au moment de son arrestation :á arrêté le 17 mars 2001 pour consommation de drogue, le jeune Hassène est emmené du domicile familial à 2 heures du matin au Centre de Bouchoucha pour y être soumis durant plusieurs jours à un interrogatoire musclé. Le juge d'instruction du quatrième Bureau auprès du Tribunal de l'Ariana, Mohamed Fatnassi, émet un mandat de dépôt pour la prison pour adultes du 9 avril, alors que Hassène, qui n'avait pas encore atteint l'âge légal, aurait dû aller vers un Centre de prévention pour mineurs (il les fera à la prison le 30 mars). Malgré les protestations de la famille et de l'avocat, le juge maintient sa décision.
L'administration pénitentiaire du 9 avril a choisi d'incarcérer le jeune Hassène au pavillon D (cellule D2). Le CNLT a stigmatisé dans son rapport sur les prisons publié le 20 octobre 1999 la maltraitance des jeunes dans ce pavillon réservé aux prisonniers de 18 à 20 ans, pour la plupart sans liens familiaux et qui sont drogués et utilisés comme "marchandises sexuelles " dans les autres pavillons.
Dès la troisième semaine de son incarcération, Hassène s'est plaint à sa mère de pressions et de mauvais traitements qu'il subissait. Sa mère a relevé à partir de cette date un changement de comportement de Hassène qui est devenu flasque et démotivé.á Le 3 mai, à la visite hebdomadaire, Hassène présente un aspect inquiétant, il tient difficilement sur ses jambes et a la lèvre inférieure fendue, il fait part à sa mère de pressions qu'il subit pour revenir sur ses déclarations.
Le 7 mai, son avocat, venu lui rendre visite en prison n'a pu le rencontrer, Hassène a été porté malade.
Le lendemain, 8 mai, Hassène comparaît devant le juge pour enfants de l'Ariana, Mahmoud El Kaabachi, menottes aux mains dans un état méconnaissable : il est maintenu par deux agents car il ne peut se tenir sur ses jambes et n'arrive pas à s'exprimer. Son avocat demande qu'il soit présenté à un médecin ou qu'il bénéficie d'une libération provisoire pour être soigné chez lui. Le juge refuse et reporte l'audience. Hassène est ramené à la prison civile de Tunis sans recevoir aucun soin.
La Direction de la prison du 9 avril, la direction générale l'administration pénitentiaire sont saisies à plusieurs reprises (la dernière le 9 mai) par la famille pour prendre des mesures concrètes en vue de soigner Hassène. Ces plaintes restent toutes sans suites.
Le CNLT exige l'ouverture d'une enquête sérieuse afin de déterminer les causes réelles ayant entraîné la mort de Hassène, identifier les responsabilités sur toute la chaîne (juges, assistants sociaux, direction pénitentiaire, administration générale des prisons) et la sanction de tous les responsables de ce décès.
La mort du jeune Hassène soulève plusieurs interrogations sur la fonction de l'institution carcérale devenue une machine à broyer les hommes et les jeunes en particulier.
Le CNLT considère que:
- le problème des prisons ne peut être résolu par l'inflation de textes légaux. La législation actuelle a surtout besoin d'être appliquée.
- L'institution de la fonction de juge d'application des peines a besoin de recevoir un contenu concret, par le renforcement de ce corps par un nombre de juges consistant et l'octroi de compétences réelles de décision quant à la libération conditionnelle prévue par la loi (notamment pour les primo-délinquants) ; ainsi qu'une compétence réelle de supervision de la conduite des gardiens de prison et le suivi effectif par des visites régulières des prisonniers.
- La surpopulation carcérale est devenue un véritable fléau source de maladies, de maltraitance et de mort.
Si la volonté politique de garantir des conditions d'emprisonnement qui sauvegardent la dignité humaine est sincère, rien ne devrait s'opposer à l'ouverture des prisons aux missions d'enquêtes indépendantes d'ONG de droits humains.

Pour le Conseil,
la Porte-parole
Sihem Bensedrine
Tunis le 24 mai 2001





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A LA UNE


Un enseignant français victime
du clan de Leila Ben Ali :
la fille de Ahmed Friaa,
ministre des Télécommunications,
a été à l'origine de la dénonciation

La mafia benaliste vient de faire une nouvelle victime. Elle est française. Il s'agit de M. P. L. , enseignant au Lycée Pierre Mendès-France (Mutuelleville) qui a été expulsé le 1er mai dernier parce qu'il a évoqué de façon anodine et naïve les rumeurs qui circulaient à Tunis au sujet de Leila Ben Ali qui serait partie de Carthage ou qui aurait signé des articles contre son mari (voir ci-contre texte de l'AFP). Cet exemple a été donné pour illustrer un cours sur le phénomène de la rumeur pendant la Révolution française. Dans le même cours, l'enseignant a cité Ben Ali aux côtés de Bush et Poutine en tant que spécialistes du Renseignement devenus chefs d'Etat. Ces propos ont été rapportés le soir même par une élève à son père, ministre tunisien des Télécommunications qui, à son tou,r a rapporté les propos aux clans Trabelsi et Ben Ali. Mais au pays d'Ubu, un pet de lézard fait trembler les lustres du Palais de Carthage. L'Ambassade de France en Tunisie s'est empressée de calmer le courroux des époux Ben Ali. Elle a pris des mesures disciplinaires contre l'enseignant trop au courant de l'actualité tunisienne. Mais rien n'y fit. Le 1er mai, une dizaine de malabars a entouré la maison de l'enseignant à La Marsa, lui enjoignant de quitter la Tunisie dans le premier avion. Son téléphone a été aussitôt coupé, pour empêcher que ses collègues ne lui apportent leur soutien, nous a-t-il précisé au cours d'un entretien. Aucun papier officiel ne lui a été fourni pour lui signifier son expulsion.
L'on se souvient de l'expulsion en 1999 de Jean-François Poirier dans des conditions presque identiques, suite à son voyage dans le sud tunisien en compagnie de Taoufik Ben Brik et Sihem Ben Sedrine. Cette fois-ci, la mafia qui gouverne la Tunisie, a poussé le bouchon encore plus loin. Les propos de l'enseignant au Lycée Mendès-France n'ont rien de d'insultant ni d' "offensant" à l'endroit de Ben Ali ou de sa femme. Seulement, le couple présidentiel a trop de choses à se reprocher pour ne pas tomber dans une paranoïa qui, elle, est véritablement "insultante" et "offensante" pour l'intelligence des Tunisiens. Aujourd'hui, citer Ben Ali avec son titre de "Général" est passible de la cour martiale, parce que son passé militaire serait pour lui une tare pour le "démocrate" qu'il prétend devenir. Un aveu de plus qu'il ne l'est jamais devenu.
C'est toute la Tunisie qui est en fait victime de cette paranoïa cultivée par une mafia cruelle et inhumaine dans sa brutalité. Personne ne sait qui en sera demain sa nouvelle victime. Elle continuera de sévir tant qu'on la tolère encore.
Nous voulons apporter notre soutien à l'enseignant victime de la mafia tunisienne. Nous l'incitons à se montrer publiquement pour témoigner de l'injustice dont il a été victime. Nous souhaitons qu'il donne une leçon de courage et de civisme aux élèves qu'il a laissés en Tunisie et qui n'ont pas hésité à lui témoigner publiquement leur solidarité. Dans les conditions que l'on sait. Enfin, nous disons à Friaa, le ministre dénonciateur : pourquoi avez-vous inscrit votre fille dans un lycée français, vous qui êtes ministre, et membre du gouvernement ? N'avez-vous pas confiance dans la qualité de l'enseignement que dispense le régime que vous défendez ? Ou bien, pensez-vous déjà à l'après-Ben Ali, quand vous allez fuir votre pays, pour échapper à la justice?

Mondher Sfar,
CCTE






Le communiqué de l'AFP

France-Tunisie-éducation
L'enseignat français expulsé de Tunisie
se défend
Par Isabelle Malsang
PARIS, 10 mai (AFP) -
L'enseignant français expulsé de Tunisie le 1er mai pour propos "offensants et injurieux", se défend d'avoir voulu critiquer le pouvoir tunisien devant ses élèves, reconnaissant néanmoins avoir commis "une maladresse" en évoquant le nom du président Zine El Abidine Ben Ali en classe.
Enseignant d'histoire-géographie au lycée français Pierre Mendes-France de Tunis, ce jeune prof, qui ne souhaite pas divulguer son nom, a pris contact avec l'AFP à Paris via un syndicat d'enseignants pour donner sa version.
Il conteste les articles de la presse tunisienne qui titrait le 1er mai : "coupable d'une grave entorse pédagogique, un professeur français interdit d'enseignement".
"J'estime que je n'ai pas fait de faute pédagogique, j'ai peut être commis une maladresse, vu le contexte particulier du pays, mais on n'est pas formé du tout à cette situation", dit cet enseignant, titulaire du CAPES d'histoire-géographie depuis 1999.
"Je n'ai jamais eu l'intention de critiquer le pays, ni la politique" ajoute-t-il.
Ses ennuis ont commencé le jeudi 26 avril. Ce jour-là, il étudiait la Révolution française, suivant le programme officiel de l'Education nationale, avec les élèves de seconde. Sujet du jour, la "rumeur", monnaie courante dans la France de 1792, marquée par des "rumeurs de complot" et des "massacres de prisonniers".
Il a alors recours à une méthode pédagogique éprouvée, et conseillée dans tous les instituts de formation d'enseignants pour faire comprendre une situation complexe: "J'ai choisi des exemples contemporains et proches des élèves pour leur montrer l'absurdité des rumeurs et leur dire qu'il ne faut se fier qu'aux faits", raconte cet enseignant, en poste à Tunis depuis la rentrée de septembre 2000.
Il choisit la dernière rumeur qui court les rues de Tunis, concernant la femme du président Ben Ali qui "serait partie", immédiatement suivie d'une seconde selon laquelle "elle aurait signé des articles dans la presse". "Bref, on ne sait rien", résume-t-il.
II prend ensuite un autre "exemple contemporain" pour "faire comprendre" l'importance du pouvoir du Vatican dans le dossier des "prêtres jureurs" et des "prêtres réfractaires": "Lors de l'invasion du Panama en 1989 par les Etats-Unis, le président Noriega s'est réfugié à la nonciature apostolique. Ce choix n'était pas anodin. Les Marines ne sont pas intervenus", dit-il.
Finissant sa parenthèse, il ajoute que "M. Bush a longtemps soutenu M. Noriega quand il était à la CIA", car "M. Bush a été dans les services secrets avant d'être élu président américain, comme M. Poutine ou le président Ben Ali".
Ces propos déclenchent des réactions chez certains parents d'élèves qui se plaignent au proviseur. L'agitation dure quelques jours puis semble retomber, jusqu'à la nuit du 30 avril au 1er mai, où de retour d'une soirée, l'enseignant est "abordé" par un "petit homme moustachu" qui se présente comme un policier et "l'invite à quitter la Tunisie dès l'après-midi du lendemain".
Le matin suivant, des policiers "me rendent visite toutes les heures". "Ils disent aux collègues qui sont venus me soutenir que je ne suis pas expulsé", mais "invité à quitter le territoire tunisien". "Vers 10h00 du-matin, ils me signifient que je n'ai plus le droit de quitter ma maison avant le départ".
Le jeune prof, "très tendu nerveusement", reçoit la visite du conseiller culturel de l'ambassade qui lui "apporte son soutien", mais lui conseille de "prendre un avion comme le demandent les Autorités tunisiennes ".
Le lycée paie le billet d'avion. Il quitte la Tunisie à 15h30. Sa femme le rejoint le lendemain en bateau avec leur voiture.





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MIEUX VAUT LE DIRE




JUGEONS-LES !





LE CONSEIL DES LIBERTES DEVOILE
LA LISTE DE TORTIONNAIRES
Personnes impliquées dans la torture en Tunisie
selon les critères définis par l'article 1 de la Convention
internationale contre la torture




Fonctionnaires de la sûreté nationale
(Première liste)


  • Ezzedine Jenayeh
  • Hassen Abid
  • Ali Mansour
  • Moncef Ben Guebila
  • Hamadi Hless
  • Ridha Chabbi
  • Abdelhafidh Tounsi
  • Mahmoud Ben Amor
  • Amor Sellini
  • Mahmoud Jaouadi
  • Bechir Saïdi
  • Zied Gargouri
  • Abderrahman Gasmi
  • Mohamed Tahar Oueslati
  • Jamal Ayari
  • Abdelfattah El Adib
  • Abdelkarim Zammali
  • Mohamed Gabous
  • Mohamed Moumni
  • Adel Tlili
  • Hamouda Farah
  • Imed Daghar
  • Rachid Ridha Trabelsi
  • Mourad Labidi
  • Officiers et agents de l'administration pénitentiare
    (Deuxième liste)


  • Ahmed Hajji
  • Toumi Sghaïer Mezghani
  • Jedidi Aloui
  • Nabil Aïdani
  • Ahmed Riahi
  • Karim Bel Haj Yahia
  • Habib Alioua
  • Ali Ben Aïssa
  • Slaheddine
  • Bechir Najjar
  • Hedi Zitouni
  • Mourad Hannachi
  • Hedi Ayari
  • Ridha Belhaj
  • Amor Yahiaoui
  • Sadok Belhaj
  • Abdelrahmane Aïdoudi
  • Salah Rabhi
  • Ali Chouchane
  • Hichem El Ouni
  • Jamel Jerbi
  • Sami Kallel
  • Henda Ayadi




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    POLEMIQUE


    "Révélations"de Salem Sabbagh sur "Réalités"
    La mise au point
    d'Ahmed Bennour

    A la suite de la publication par "Réalités"
    d'un "témoignage" de l'ancien commandant
    de la Garde nationale, Salem Sabbagh,
    Ahmed Bennour a adressé à "Réalités"
    une mise au point dont il nous a fait parvenir le texte
    et que nous publions intégralement
    dans l'intérêt de la vérité historique...


    Paris, le 26 mai 2001

    A Monsieur le directeur
    de la revue " Réalités "

    Objet : Droit de réponse


    Votre revue n¡802 du 10-16 mai 2001 a publié un article de M. Salem Sabbagh, ancien directeur général de la Garde nationale qui m'a cité à deux reprises concernant les responsabilités que j'ai assumées en 1967 et en 1968 au sein de la direction générale de la Sûreté nationale. Je vous prie de publier la mise au point suivante afin d'éclairer les lecteurs de votre revue et de rétablir la vérit, et je vous en remercie par avance.
    1- M. Sabbagh affirme page 21 (1ère colonne) qu'il y a eu " création d'une mini-police parallèle belkhodjienne dont les agents (...) recoivent directement ses ordres et ceux d'Ahmed Bennour en vue de rédiger des rapports orientés, traitant de thèmes préétablis et visant certaines personnalités du régime ". Ce sont des affirmations gratuites et irresponsables. M. Sabbagh était en conflit permanent avec la police dont il connaissait mal les rouages. En effet, il n'est plus un secret pour personne que toute cette cabale était orchestrée de manière artificielle et malhonnête. Il fallait nous discréditer auprès de Bourguiba en raison des plus vives réserves que nous exprimions à l'égard de l'action politico-sociale.
    M. Sabbagh et ses services occultaient le mécontentement populaire et le rejet généralisé par l'opinion publique de cette collectivisation à outrance. Les faits étant têtus, l'année 1969 a connu la fin de cette expérience désastreuse.
    2- M. Sabbagh affirme page 21 toujours (3ème colonne) que "... après le constat dûment établi de la destruction de certains documents et rapports par Belkhodja et Bennour... ", nous avions effectivement été arrêtés et libérés quelques mois plus tard, sans aucun procès, faut-il le rappeler.
    Mais deux ans plus tard, la justice s'est prononcée sur cette affaire de manière claire et sans équivoque.
    La Chambre de mise en accusation dépendant de la Cour d'appel de Tunis a prononcé un non-lieu le 24 février 1971 (affaire n¡ 9539).
    Par conséquent, M. Sabbagh feint d'ignorer l'autorité de la chose jugée.
    Ce qui était en revanche vrai et consternant à la fois, c'est que M. Sabbagh était à l'époque devenu un témoin à charge, mû par l'ambition de construire sa carrière sur la délation et le mensonge. Je ne citerais qu'un seul exemple qui constitue à mon sens un signe évident de sa dégradation morale. Ayant pu obtenir un logement de fonctions, il organisa un déjeûner en octobre 1968 pour fêter cet événement. Y étaient présents, en plus de Tahar Belkhodja, Mohamed Sayah (directeur du Parti), Mongi Kooli (gouverneur de Bizerte), Hassen Kacem (député, membre du Comité central du PSD) et moi-même. Au cours de ce déjeûner, nous parlions comme d'habitude à bâtons rompus des problèmes de l'heure et notamment des difficultés que traversait la Tunisie. De quoi en effet, peuvent bien parler des responsables politiques au cours de leurs rencontres sinon des problèmes quotidiens auxquels ils sont confrontés ?
    A cet égard, la situation économique à l'époque était des plus difficiles, et nous percevions des signes de turbulences et d'inquiétude dus à la généralisation du système coopératif tant dans le domaine agricole que commercial.
    Mais quelle ne fut pas notre surprise lorsqu'on apprit un mois plus tard que M. Sabbagh avait rapporté le contenu de notre conversation aux Secrétaires d'Etat à la Présidence et à l'Intérieur, MM. Bahi Ladgham et Beji Caïd Essebsi! Je laisse les lecteurs apprécier et juger ce genre de comportement non conforme aux usages et aux bonnes mÏurs.
    Je fus convoqué par Bourguiba en avril 1974, alors que j'étais Secrétaire d'Etat à la Défense nationale, en présence de M. Chedli Klibi, directeur du Cabinet présidentiel. Bourguiba m'ordonna sur un ton grave de faire traduire M. Sabbagh devant le Tribunal militaire afin de le juger pour mensonges et atteinte aux institutions de l'Etat. Il me recommanda d'agir de telle sorte que les officiers de l'armée tunisienne sachent qu'il n'est pas permis de mentir au chef de l'Etat qui est le chef suprême des armées. Il voulait un procès pour l'exemple !
    Après un entretien très difficile, je suis arrivé à le convaincre qu'un tel procès, cinq ans après, rejaillirait sur le régime, d'autant plus que nous avions d'autres préoccupations et d'autres sujets d'inquiétude, en particulier dans le domaine des relations tuniso-libyennes, et qu'une mesure de mise à la retraite d'office me semblait être suffisante et plus adéquate. Ce qui fut fait. Il fut aussi convenu que la hiérarchie militaire soit informée de tous ces détails. Pour l'anecdote, Bourguiba était si ému de me voir prendre cette positon sage et responsable qu'il se leva et me donna l'accolade.
    Je constate avec regret que trente ans plus tard, M. Sabbagh n'en finit pas de dénaturer les faits et de les travestir.

    Ahmed Bennour
    Ancien secrétaire d'Etat
    à la Défense nationale
    Ancien secrétaire d'Etat
    à l'Intérieur





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    OPINION


    Vive la Ligue !

    Par Khémaïs Chammari
    Ex-Secrétaire Général et Vice-Président de la LTDH

    La Ligue tunisienne de défense des droits de l'homme (LTDH) souffle sa vingt quatrième bougie dans des conditions très particulières.
    Mise sous séquestre (!) depuis plus de six mois, la Ligue a été jugée hors la loi pour la deuxième fois en moins de dix ans (1992 et 2000).
    Quatorze anciens dirigeants de la LTDH, dont moi-même, ont dit nettement ce qu'il fallait penser de cette procédure à tiroirs engagée contre la LTDH, et je n'insisterais pas sur ces poursuites. Celles-ci ne sont en réalité que l'emballage judiciaire du coup de force décidé par le pouvoir au lendemain de la tenue du cinquième Congrès et de l'élection démocratique d'une direction autonome. Les quatre "plaignants" ne sont, dans cette affaire, que de puériles feuilles de vigne et leur forfaiture est celle d'insignifiants comparses.
    L'important est toutefois que la Ligue résiste. Et elle le fait de façon tout à la fois déterminée et responsable, démentant l'adage du pot de fer et du pot de terre.
    La direction issue du cinquième Congrès y est parvenue parce qu'elle a su sauvegarder la cohésion du groupe dirigeant tout en maintenant le contact avec les sections et en faisant preuve d'une combativité vigilante de tous les instants. Sans ces acquis internes, la formidable solidarité internationale qui s'est développée, au fil des mois, n'aurait sans doute pas eu le même impact.
    Aujourd'hui qu'il est question, dans les allées du pouvoir, de la nécessaire recherche d'une solution de sortie d crise, autre que celle du diktat politico-judiciaire, ces atouts de la cohésion et de la vigilance doivent être absolument préservés et consolidés.
    Cette commémoration me remet, par ailleurs, en mémoire, avec l'émotion que vous devinez, le parcours qui fut le nôtre à la Ligue de 1980 à 1994. Quatorze années qui comptent, en dépit des difficultés, du harcèlement, des crises et des tensions, parmi les moments de ma vie militante pour lesquels je garde le plus de tendresse et de nostalgie.
    Tout ne fut certes pas rose au cours de cet itinéraire et il faudra bien que les uns et les autres apportions, au-delà des invectives occasionnelles, notre contribution à l'écriture critique et autocritique, de l'histoire de la Ligue.
    De la révolte du pain (1984) aux conditions de préparation et de déroulement du quatrième Congrès (1994), en passant par le débat historique sur la charte de la Ligue (1985) ; il nous faudra revenir sur tous ces épisodes - et sur bien d'autres - de façon sereine et contradictoire pour que la pionnière des associations de défense des droits humains, dans le Monde arabe et sur le continent africain, se dote d'une mémoire collective qui lui fait aujourd'hui défaut.
    Je voudrais saisir cette occasion pour évoquer rapidement deux idées forces et deux absences :
    - "Horizon moral de notre temps" selon la formule de Rober Badinter, le combat pour les droits humains s'appuie sur les notions d'indivisibilité et d'universalité. Et ce sont-là deux évidences qui ne sont pourtant pas évidentes pour tout le monde. Indivisibilité des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels mais aussi universalité car, comme le rappelait le S.G. des Nations Unies, Kofi Annan : "Il n'est pas nécessaire d'expliquer ce que signifient les droits de l'homme à une mère asiatique et à un père africain dont le fils ou la fille a été torturée ou assassinée. Ils le savent mieux que nous". Universalité aussi des combats pour la dignité, les libertés, la non-discrimination, l'égalité -notamment hommes-femmes- et contre l'impunité.
    - La deuxième idée a trait du dépassement des frontières étatiques et de la souveraineté absolue des Etats s'agissant de la protection des droits humains. Pour sélectif qu'en soit encore la mise en oeuvre, le droit international des droits de l'homme est aujourd'hui une réalité tangible qui s'impose à nos gouvernants. Dans ces conditions, les débats sur l'ingérence sont pipés dès lors qu'ils visent à contrecarrer la légitime solidarité internationale pour le respect des normes et des mécanismes internationaux relatifs aux droits de l'homme, et le Traité de Rome sur la Cour pénale internationale ont consacré, au cours des deux dernières années, une évolution irréversible dont nous nous réjouissons.
    - Enfin, les deux absences, à propos desquelles je voudrais conclure cette modeste contribution, sont celles du Dr Hachemi Ayari, membre du Comité Vietnam, puis membre fondateur de la Ligue et membre fondateur du CNLT, et de Maître Fadhel Ghedamsi, trésorier de la Ligue de 1994 à 2000, réélu au Comité directeur par le cinquième Congrès. L'un et l'autre nous ont définitivement quittés et je ressens, pour ma part, leurs départs et leurs absences d'autant plus cruellement qu'il y a eu, avec l'un et l'autre, au terme d'un compagnonnage fraternel et complice, des interrogations et des incompréhensions qui appelaient une explication franche et loyale. Dans les deux cas, les circonstances ne l'ont malheureusement pas permis et, comme le rappelait Hichem Abdessamad dans son hommage à la mémoire de Fadhel : "Ce n'est pas facile de dire le désarroi de ceux qui restent, gardant comme dernier souvenir un regard, une parole de reproche, un malentendu ou un qui-proquo.
    " Comme tant d'autres, Tunisennes et Tunisiens, ils auront contribué tous deux à ce que vive la Ligue.

    K.C.





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    Lisez
    "El Jour'a "
    "L'Audace " dans son arabe
    16 pages
    n°1 - Février 2001
    15 F en kiosque





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    OPINION


    Messieurs les rats,
    pressez-vous de quitter le navire!

    Pour Néjib Hosni

    Hâtez-vous, Messieurs ; ce n'est plus qu'une question de temps. Le navire du 7 Novembre a heurté un récif et, tel le Titanic, il s'enfonce doucement dans les eaux. L'accident était prévisible. Vous avez choisi le " tout sécuritaire " qui est une politique du temps très court, alors ne vous étonnez pas si le temps vous est compté.
    Vous ricanez, sans doute, pensant que j'exagère, que je confonds une réalité inexorable et mes désirs puérils, que j'anticipe abusivement. En ce cas, je vous le dis, il s'agit d'une anticipation créatrice comme l'a été la fondation du CNLT quand personne n'y croyait ou la grève de la faim aventuriste, équivoque et pourtant essentiel, du journaliste Taoufik Ben Brik.
    Oui, Messieurs, ce régime dont vous avez tiré pouvoir, argent et bien d'autres joies, est mort. Cela ne se voit peut-être pas encore mais la dictature policière, qui a succédé à l'intermède hypocrite des lendemains du 7 novembre, n'est plus. A part quelques poils collants de brillantine et les griffes qui continuent de pousser, la bête est morte, irrévocablement morte.
    Mais vous ne voyez que ces griffes ! Et vous pensez ainsi en réchapper !
    Regardez bien, cependant, et faites le compte.
    Vous avez perdu la bataille du droit d'association : le CNLT et RAID existent, le Forum s'exprime et, quoiqu'il advienne, la LTDH a quitté votre orbite. Dans quelques semaines, les avocats suivront.
    Vous avez perdu la bataille de la presse : Taoufik Ben Brik écrit ce qui lui passe par la tête, Internet explose malgré l'ATI, la presse libre s'envole sur la toile et sous le manteau (Takriz, El kalima, Kaws el karama, L'Alternative citoyenne).
    Vous avez perdu également la bataille des prisons. Le militant islamiste Taoufik Chaïeb ne m'en voudra pas de le citer sans autorisation. A sa libération, au terme de 53 jours de grève de la faim, il avait dit en substance : " En prison, on ne revendique même plus les droits de l'homme mais les droits du bÏuf et de la poule ! " Les dizaines de détenus politiques, qui, à sa suite, ont refusé de s'alimenter, ont déjà arraché leurs droits de bÏuf ou de poule. D'ici peu, vous rendrez leur liberté à tous les prisonniers d'opinion comme vous avez été contraints de nous rendre Néjib.
    La bataille des voyous, par contre, vous l'avez gagné. Nécessairement gagné. Quoiqu'il y ait des choses à dire concernant l'efficacité de leur formation : même à bout portant, la cible Ben Fadhel a été ratée !
    Vous avez perdu, surtout, la bataille de la représentation. "Représentation", encore un mot barbare à votre avis. On ne représente que ceux qui nous obéissent, pensez-vous. C'est pourtant l'inverse qui est vrai. Contrairement à l'apparence, grâce à ce fameux score qui frôle les 100%, vous avez perdu les élections de novembre 1999 et, selon toute vraisemblance, vous perdrez celles de 2004. Une rumeur insistante s'est propagée à la veille du 20 Mars selon laquelle un référendum allait être annoncé à cette occasion pour autoriser notre Président à briguer un 4ème mandat. La nouvelle était sans doute vraie comme il est probable également que le projet ait dû être reporté après que le " ya basta !" incendiaire de J. Zoghlami, le Manifeste Ïcuménique de Charfi, la Déclaration prudente des 270 et même les noces " contre-nature " de Moadda et Ghannouchi, aient dévoilé le pot aux roses.
    Il est vrai que le peuple n'est pas dans la rue, mais il suffit qu'un peuple n'y croie plus pour qu'un régime s'affaisse. Or le peuple ne croit plus en vous. Le roi est nu ; par conséquent, le roi n'est plus roi. Et c'est cela qui importe. Vous avez ainsi perdu la "mère des batailles" : celle de la crédibilité. Plus personne ne vous croit et on rit désormais de vos mensonges. D'ailleurs, vous ne croyez pas en vous-mêmes ; comment pourrions-nous croire en vous?
    Croit-on encore en vous à l'étranger? Non. Car vous avez perdu aussi la bataille internationale. Celle de la société civile et des médias, bien sûr, mais aussi celle des Etats. Vos principaux soutiens commencent à prendre leurs distances. Ils vous ont apporté leur appui tant que votre politique semblait garantir la stabilité du pays, mais ils savent maintenant que le principal facteur d'instabilité, c'est vous. Il leur faut bien se rendre à l'évidence : vous n'êtes plus fiables ! Demain, ils vous soutiendront encore mais comme la corde soutient le pendu.
    Vous avez tracassé, humilié, harcelé, persécuté, emprisonné, torturé, pour rien. Vous avez essayé de semer la zizanie au sein de l'opposition et utilisé pour cela la rumeur et la manÏuvre. En vain. Je présume que vous allez continuer à agiter l'épouvantail intégriste puisque cela vous a si bien réussi dans le passé. Mais, sauf à faire à nouveau exploser Bab Souika, on voit mal, à part Salah et ses épigones, qui pourrait s'y laisser prendre durablement : les forces centripètes sont plus fortes aujourd'hui que les forces centrifuges !
    Le colosse est toujours debout, dites-vous, et il semble impassible et imperturbable.
    Détrompez-vous ; ses forces vont le quitter d'un coup et il peut s'écrouler à la moindre chiquenaude. Le colosse - quele honte ! - a été battu par une bande de manchots !
    Vous la sentez proche, la fin, ne dîtes pas le contraire ! Vous hésitez, vous atermoyez, vous tergiversez, vous temporisez. Vous reculez quand il vous faut avancer et vous avancez quand il vous faut reculer. Et vous n'avez pas tort. Car, désormais, si vous avancez, vous perdez et si vous reculez, vous perdez aussi. Vous pourrez, tout au plus, retarder votre irréversible défaite.
    Je me leurre ? J'utilise la méthode Coué ? Mais la méthode Coué a aussi ses succès face aux maladies de l'illusion et c'est exactement ce que vous êtes : une maladie de l'illusion. Votre puissance n'est plus qu'un mirage, un hologramme, une habitude, l'habitude d'avoir mal. Vos forces réelles s'effritent, s'érodent, se dissolvent, se désagrégent. Obstinez-vous et c'est l'implosion, le prolapsus fatal ! Reste à savoir quel est l'organe qui va chuter le premier.
    Soyez donc raisonnables, Messieurs; certains d'entre vous vont s'en tirer, négocier, s'arranger pour retrouver une place au soleil, mais ce ne sera pas le cas de tous. Alors dépêchez-vous de retourner vos vestes, car les derniers seront tondus !

    Sadri Khiari
    Tunis, le 18 mai 2001





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    DROITS DE L'HOMME


    Création d'un Observatoire
    pour la défense de la liberté de la presse,
    de l'édition et de la création

    A l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, plusieurs personnalités actives dans le champ des droits humains et des libertés ont créé en Tunisie un " Observatoire pour la défense de la liberté de la presse, de l'édition et de la création (OLPEC) " Il s'agit de :
    Mohamed Talbi : Président ; Sihem Bensedrine : secrétaire générale ; Souhayr Belhassen : trésorière ; Zied El Hani : vice-président chargé de la presse ; Moncef Ben Ayed : vice-président chargé du livre ; Om Zied : vice-présidente chargée de la création littéraire et artistique.
    Cette initiative vient suite au constat, fait par les fondateurs de l'Observatoire, d'une détérioration préoccupante de l'état de la liberté d'expression et particulièrement de la liberté de la presse en Tunisie, sous l'effet conjugué de la censure et de l'étouffement des libertés en général. Et malgré le consensus des composantes de la société civile sur la gravité de la crise qui touche le livre, les arts et particulièrement la presse, les Autorités publiques n'ont pas pris jusqu'ici de mesures offrant de réelles perspectives de nature à répondre aux aspirations de l'intelligentsia tunisienne à une liberté réelle et favoriser le développement de la créativité, que ce soit dans le domaine de la pensée ou des arts, les derniers amendements du code de la presse en sont un lamentable exemple.
    Cet Observatoire a pour mission d'enquêter sur la situation de la presse, du livre et de tout domaine de création littéraire ou artistique. Il alerte sur toute forme de censure qui touche la presse, le livre, internet, le théâtre ou le cinéma et publie périodiquement des rapports sur l'état de la censure qui touche ces domaines. Enfin, il propose toutes mesures et réformes de nature à faire conformer la législation actuelle aux principes de liberté effective.
    Une délégation de l'Observatoire s'est rendue ce jeudi 3 mai 2001 au siège du gouvernorat de Tunis où elle a déposé un dossier de constitution conformément à la législation sur les associations en vigueur. L'Administration ne lui a pas délivré le récépissé de dépôt, mais s'est engagée à le remettre au Bureau directeur le lundi prochain.


    Tunis le 3 mai 2001
    Le président, Mohamed Talbi





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    A LA UNE


    Affaire Haroun Haj Mbarek
    Appel de Radhia Nasraoui
    à la Solidarité

    Je soussignée, Radhia Nasraoui, avocate, informe l'opinion publique que mon client Mr. Haroun Haj Mbarek est toujours privé de son droit à la visite de ses avocats.
    En effet, depuis sa condamnation le 9 mars 2001 par la Chambre criminelle près le Tribunal de 1ère instance de Tunis, à une peine de trois ans de prison ferme pour appartenance à une association de malfaiteurs (Ennahdha), ses avocats n'ont pas pu obtenir un permis de visite. Le prétexte : son dossier n'a pas encore été fixé en Appel. Haroun Haj Mbarek n'étant pas très chanceux, son dossier semble être introuvable.
    Les violations des droits de la défense dont il est victime sont de nature à aggraver l'état de santé de Haroun qui a été déjà hospitalisé au Canada où il résidait en raison d'une dépression nerveuse.
    J'appelle toutes les associations humanitaires et toutes les personnalités concernées par les droits humains à intervenir le plus rapidement possible pour sauver mon client et pour que soient respectés ses droits.

    le 14 mai 2001
    Radhia Nasraoui


    Libération
    d'Haroun
    M'Barek

    Aujourd'hui, samedi 26 mai 2001, le procureur de la République a contacté Me Radhia Nasraoui pour lui annoncer que Haroun M'barek sera libéré sous condition et que la date de son appel est fixée pour le 18 septembre 2001.
    À midi 30, Haroun a été libéré de la prison du 9 avril de Tunis pour enfin rejoindre sa famille à Sousse.
    À cette occasion, nous saluons tout ceux et celles qui ont contribué à la cause de Haroun et ont fait en sorte qu'il soit libre.
    Cette libération conditionnelle n'est qu'une étape de notre parcours. Nous souhaitons qu'ils arrêtent toutes poursuites judiciaires contre Haroun et que ce dernier soit de retour au Canada afin de terminer ses études.


    Jamel Jani






    Haroun M'Barek vit l'enfer

    par Pierre Asselin (Québec)

    Haroun M'Barek est en train de crever, oublié par le pays qui l'a renvoyé en enfer, craint son avocate, qui l'a vu hier pour le première fois depuis deux mois. Le malheureux est paralysé, ne peut ni manger ni écrire sans aide, et il ne reçoit pas de soins.
    " Il doit être hospitalisé, affirme Me Rahdia Nasraoui, je crains que sa situation ne s'aggrave si ça continue. Il y a eu d'autres cas comme ça et les personnes peuvent mourir du jour au lendemain. On ne sait pas à quel point ça peut être grave. Il faut que les gens se mobilisent pour le sauver. "
    Me Nasraoui en a pourtant vu d'autres, elle qui défend des prisonniers d'opinion dans un régime répressif.
    " Sincèrement, j'ai vu des gens torturés, qui portaient encore les marques, mais là c'est différent, il n'est pas dans un état normal, c'est catastrophique. "
    Lors de l'entrevue, dit-elle, il gardait ses bras sur le bureau, tendus devant lui. " Il était incapable de les plier et il faut que quelqu'un l'aide pour manger ou pour écrire. C'est presque la paralysie. Il dit qu'il a des douleurs atroces, comme si quelque chose le brûlait, il crie parfois tellement ça lui fait mal. C'est surtout au niveau des poignets mais il commence à sentir la même chose dans ses genoux. Je l'ai trouvé extrêmement amaigri, ajoute l'avocate, il dit qu'il ne dort pas et ça se voit, ses yeux sont très cernés. "
    Depuis deux mois, on refusait les permis de visite aux avocats, prétextant que le dossier avait été égaré. " Dès qu'on met des restrictions, des obstacles aux visites, ça me paraît louche, c'est qu'ils essaient de cacher quelque chose, il ne veulent pas que les avocats voient le client dans cet état-là. "
    Après qu'elle eut publié un texte sur son cas, les Autorités ont finalement retrouvé le dossier et M. M'Barek. Et elle l'a trouvé dans un état pitoyable, tant physiquement que psychologiquement.
    " Ne croyez pas que c'est facile de parler avec lui, il faut répéter les questions plusieurs fois et il y a des moments où il n'y a pas de cohérence dans ce qu'il dit. Il m'a dit qu'on l'avait emmené à l'hôpital, mais il ne se rappelait pas quand, alors que c'était juste hier. Une avocate m'a appelée pour parler de son cas et je me retenais pour ne pas pleurer. "
    La visite à l'hôpital a seulement eu lieu après que l'avocate ait obtenu le permis de visite, et elle dit que son patient n'a reçu aucun médicament à ce jour. Des analyses auraient dû être faites, mais personne ne s'en est préoccupé. Les conditions de détention sont extrêmement pénibles, raconte-t-elle par ailleurs. L'ex-étudiant en droit de l'Université Laval, qui était à quelques semaines de compléter sa maîtrise lorsqu'il a été déporté en Tunisie, se retrouve aujourd'hui dans une cellule commune prévue pour une trentaine de personnes mais où vivent en réalité plus de 150 détenus.
    Les lits ne sont que des constructions de brique où dorment trois, parfois quatre personnes, les unes sur les autres.
    " Comme il est victime d'une décision des autorités canadiennes, je demanderais à ce que les Canadiens bougent pour lui afin qu'on arrive à le sauver. Il vaut mieux agir rapidement pour qu'on arrive à sauver sa vie, au moins, en attendant d'obtenir sa libération. Je lance un appel à toutes les personnalités concernées par les droits de l'homme et les associations humanitaires, je leur demande d'agir et d'agir rapidement. "
    À la Chambre des communes, la porte-parole du Bloc québécois en matière d'immigration, Madeleine Dalphond-Guiral, est intervenue à deux reprises dans les derniers jours pour demander au ministre des Affaires étrangères d'intervenir en faveur du prisonnier.
    " Il y a nettement eu une bavure et le gouvernement a une grande responsabilité, déclarait-elle hier au "Soleil". Il avait été informé des risques que courait Haroun M'Barek lorsqu'on a décidé de le renvoyer en Tunisie. Il est en danger et il a besoin d'aide médicale et il faut continuer à faire pression sur le gouvernement pour qu'il agisse.

    par Pierre Asselin
    Le Soleil, Québec






    Haroun Haj Mbarek expulsé
    dans des conditions scandaleuses du Canada
    et condamné à une lourde peine de prison
    en dépit de son état de santé
    et de l'inconsistance du dossier

    La situation de Haj Haroun M'Barek continue de susciter de sérieuses inquiétudes. La première chaîne de radio du Québec lui a consacré une importante séquence du " Dimanche magazine" le 13 mai 2001.
    Me Radhia Nassraoui a lancé un appel (voir page 23)
    De son coté l'Association des droits de la personne au Maghreb a rendu publics plusieurs communiqués et anime une campagne active pour la libération de Haroun Haj M'barek .
    Nous publions ci-joint le communiqué du Comité de soutien à Haroun M'Barek ainsi que des informations recueillies de l'APDM sur l'interpellation du Parlement fédéral canadien
    "Haroun M'Barek, étudiant en droit à l'Université Laval, subit présentement un supplice prolongé depuis son incarcération à Tunis. Son état de santé s'aggrave de plus en plus et nécessite une intervention médicale. Il est à noter que Haroun a été longuement torturé au ministère de l'Intérieur dès son arrivée en Tunisie le 7 janvier.
    Me Radhia Nasraoui a lancé, hier le 14 mai 2001, un appel à la solidarité pour que son client reçoive le plus rapidement possible des soins adaptés à son état de santé et pour que ses droits soient respectés. Pendant ce temps, les avocats de Haroun M'Barek n'ont pu obtenir un permis de visite sous prétexte que son dossier n'a pas encore été fixé en appel. Pour couronner le tout, les avocats ne possèdent aucune copie du jugement et le dossier de Haroun semble pour l'instant avoir disparu.
    Le prisonnier demeure donc dans l'isolement et la détresse, ce qui contribue fortement à aggraver son état de santé. Il faut se rappeler que Haroun avait été hospitalisé au Canada suite à un diagnostic de dépression nerveuse.
    Le gouvernement canadien demeure jusqu'à présent très silencieux. Les citoyens qui veulent aider peuvent communiquer avec leur député et demander que le gouvernement du Canada effectue des pressions énergiques et urgentes.

    le Comité de soutien
    à Haroun M'Barek
    Lise Garon, porte-parole
    Tel : (418) 656-2131 # 7709
    (418) 523-8961






    L'affaire de Haroun
    au Parlement fédéral canadien

    Le Mardi 15 mai 2001, Madame Madeleine Dalphond-Guiral, députée de Laval-Centre et porte-parole du Bloc Québécois en matière d'immigration, a soulevé l'affaire de Haroun Hadj M'Barek dans la Chambre des communes, Ottawa, (Parlement Fédéral Canadien).

    Texte intégral de l'intervention de Madame Madeleine Dalphond-Guiral : ( Questions orales)
    Mme Madeleine Dalphond - Guiral (Laval - Centre, BQ) :
    Monsieur le Président, le 6 janvier dernier, M. Haroun M'Barek, était expulsé du Canada, malgré l'avis d'experts et les nombreuses mises en garde adressées à la ministre sur les risques qu'il encourait s'il était déporté en Tunisie.
    Le 9 mars, M. M'Barek était condamné à trois ans de prison ferme et à cinq ans de contrôle administratif. Suite à ce que plusieurs ont qualifié de " parodie de justice ".
    Est-ce que le ministre des Affaires étrangères aura le courage d'intervenir auprès du gouvernement tunisien pour protester contre la condamnation de M'Barek, et demander qu'il soit immédiatement libéré, afin de recevoir les traitements spécialisés destinés aux victimes de torture.

    L'honorable John Manley ( ministre des Affaires étrangères, Libéral .) :
    Monsieur le Président, la députée sait bien que nous avons déjà fait des représentations auprès du gouvernement tunisien. Des représentants diplomatiques des affaires consulaires essaient d'observer le processus judiciaire entourant M. M'Barek.
    On continue d'essayer de considérer l'effet sur cet individu, qui n'est pas citoyen canadien mais qui avait des intérêts ici au Canada.



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    DROITS DE L'HOMME


    Une lettre de Ismail Sahbani,
    ancien secrétaire général de l'UGTT,
    détenu à la prison civile de Tunis

    Le CRLDHT a reçu une lettre (voir le texte de la lettre ci-contre) d'Ismail Sahbani, ancien secrétaire général de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) démis de ses fonction et actuellement en détention à la prison civile de Tunis à la suite de ses démêlés avec les Autorités apparus, il y a près d'un an, dans des conditions d'une grande opacité.
    A défaut de garantir l'authenticité de ce document, le CRLDHT estime qu'il n'est pas inutile de le livrer tel quel à l'appréciation de l'opinion et de l'accompagner des commentaires suivants :
    - Ismail Sahbani, s'il est l'auteur de la lettre, renoue avec un registre de fraternité et de défense pro domo au nom de l'engagement syndical qui a été le sien jusqu'au début des années 80. C'est son droit. Mais il est difficile, pour les défenseurs des droits humains, pour les démocrates et les syndicalistes libres de faire l'impasse sur plus de 15 ans de pouvoir absolu qui furent les siens à la tête d'une Centrale syndicale qu'il a contribué, avec ses camarades des Bureaux exécutifs successifs, à faire annexer par le RCD dans des conditions antidémocratiques et répressives qui ne peuvent être gommées sans autre forme d'inventaire.
    - A ces abus de pouvoirs qui ont accéléré l'érosion du crédit de l'UGTT, se sont ajoutées des pratiques de gestion du patrimoine de la Centrale pour le moins opaques et sources de très graves rumeurs et accusations dont de nombreux cadres syndicalistes libres se sont fait l'écho et pour lesquelles ils ont été interpellés, humiliés et soumis à la répression.
    - Enfin, l'UGTT sous la houlette et la poigne d'Ismail Sahbani, a cautionné la dérive sécuritaire, despotique et affairiste du régime du Président Ben Ali. Ces rappels nécessaires, ne sauraient pour autant justifier que les défenseurs des droits humains ferment les yeux sur les conditions dans lesquelles a été évincé Ismail Sahbani et surtout la façon dont a été conduite la procédure judiciaire dont il fait l'objet comme les conditions de détention dont il se plaint.
    Pour responsable et coupable qu'il pourrait être, Ismail Sahbani, premier vice-président du BIT, arrêté en cours de mandat dans l'organisation internationale du travail, a droit aux garanties d'un procès équitable, à des conditions de détention humainement acceptables et à la possibilité de répondre au lynchage médiatique que la presse officielle (il n'y a que celle-là) a déclenché contre lui pour tenter de réduire la grave dérive de l'UGTT au seul comportement délictuel ou criminel d'une unique personne au pouvoir, devenu il est vrai, exorbitant à la tête de la Centrale syndicale.
    Cette prise de position du CRLDHT est d'autant plus conséquente que les animateurs du Comité ont récemment fait l'objet d'attaques indignes dans le magazine de caniveau "l'Observateur- Al Moulahedh" de la part de l'un des avocats d'Ismail Sahbani, Me Chakib Dhaouadi, pour le nommer. Ancien membre de la LTDH, il a défendu avec véhémence son ami et client Ismail Sahbani, auprès des Organisations internationales, au nom du respect des droits humains et du droit de la défense, principes avec lesquels il a rompu depuis longtemps. Est-ce pour atténuer la véhémence de ces plaidoyers qui ont fini par attirer l'attention des Autorités que Chakib Dhaouadi a décidé de commettre sa basse contribution à cette campagne odieuse qui vise les défenseurs des droits humains et particulièrement les animateurs de notre Comité ? Cela n'a rien de surprenant.
    Mais cela ne change rien à l'attitude ce principe que nous adoptons car l'honneur des défenseurs des droits de l'homme est de défendre les droits effectivement et au quotidien, y compris de celles et de ceux dont ils ne partagent pas, ou dont ils condamnent les idées et les agissements non conformes au droit.

    CRLDHT
    Paris, le 17 avril 2001






    Cher Camarade et Ami,

    Me voilà contraint de t'écrire de la prison civile de Tunis où j'ai été jeté depuis plus de trois mois déjà suite à une effroyable machination qui vise ma liberté, ma dignité et tout mon passé de patriote et de syndicalistes.
    J'ai milité trente années durant, dans les rangs de l'UGTT et j'ai participé à divers combats, et partagé heurs et malheurs, mais aussi plusieurs succès. Mais j'ai toujours assumé ma responsabilité jusqu'au bout quelle que soit la position dans laquelle je me suis trouvé.
    On veut m'écarter à tout prix pour des raisons que tu connais déjà.
    Comme tu le sais, je ne suis pas à mon premier emprisonnement. En 1978, j'ai connu la prison et la torture sans que cela ait pu m'atteindre dans mes convictions ni dans mon élan. Convaincu de la noblesse de notre cause, j'ai continué mon combat pour une meilleure justice sociale et un syndicalisme moderne. Mais voilà que l'histoire se répète et que je me retrouve encore une fois en prison sur la base d'accusations fausses et sans aucun fondement un dossier monté de toutes pièces qui à été conçu et élaboré hors des locaux de l'UGTT, mais qui a nécessité la complicité de certains dirigeants syndicaux et leurs hommes de mains.

    Cher ami,
    Je peux le jurer sur mon honneur et la fraternité sincère qui nous lie ainsi que sur les principes nobles que nous défendons, que je n'ai jamais commis de malversations ou détournements ni de mauvaise gestion.
    Ils veulent me déshonorer et me salir sur la base de preuves fabriquées sans aucun fondement réel, basées toutes sur de faux témoignages d'agents à leur service et que certains membres du gouvernement ont recrutés pour les besoins de la sale besogne.

    Cher ami,
    Je ne te cache pas, ma santé se détériore de jour en jour, et le moral s'en ressent, même si j'arrive encore à tenir le coup. Et c'est la raison pour laquelle je te demande, ainsi qu'à tous mes amis et camarades, d'intervenir auprès du président de la République pour qu'il ordonne l'arrêt de cette parodie et cette humiliation
    Je vous demande, à tous, de sensibiliser toutes les Organisations internationales, qu'elles soient syndicales ou humanitaires, pour qu'elles interviennent d'urgence aussi.

    Cher ami,
    Comme tu dois le constater, Jrad et sa bande jouent sur le facteur temps et essayent de gagner la sympathie et la reconnaissance à travers le monde et continuent leur campagne de mensonges sur ce qu'ils font et sur leurs relations avec les diverses Organisations dans le but d'induire tout le monde en erreur.
    Il faudrait donc avertir tous nos amis et toutes les Organisations pour les isoler et couper tout contact avec eux, et le déclarer clairement. Car ils utilisent tous les contacts et rencontres informels pour le présenter à l'opinion publique nationale et internationale comme étant une reconnaissance et un soutien en leur faveur.

    Cher ami,
    Je compte beaucoup sur ton soutien et celui de tous nos camarades. Je compte beaucoup sur l'amitié sincère qui nous lie durant toutes ces années dans notre combat commun en faveur de la classe ouvrière et du syndicalisme libre à travers le monde.
    J'espère que vous ne m'abandonnerez pas dans ces circonstances d'exception par lesquelles je passe pour avoir refusé le chantage et pour avoir défendu un syndicalisme libre et authentique.
    Avec toute mon amitié et ma reconnaissance


    Ismail Sahbani
    Secrétaire général de l'UGTT.





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    A LA UNE


    Journée mondiale de la presse Témoignage

    L'on a souvent eu tort de rapprocher ou de fixer à la date de la Guerre du Golfe (1990-1991) le début du verrouillage de l'information dans la Tunisie post-bourguibienne. Jusque-là, rares ont été les analystes, ls historiens et les observateurs qui remettent en question ce prétendu printemps de la presse au lendemain du 7 novembre 1987 qui a vu le renversement du fondateur de la République grâce à un coup d'Etat médico-policier. Pourtant tous les directeurs de journaux indépendants ou d'oppositon, à l'époque, savaient pertinemment que rien n'avait changé au lendemain du 7 novembre. Pire encore, le contrôle de l'information se faisait grâce à des moyens plus subtils, voire plus vicieux et contraignants que sous Bourguiba. Pour avoir été témoin de nombreuses péripéties et tractations secrètes, je ne peux m'empêcher de témoigner à l'occasion de la Journée mondiale de la presse afin de tenter de remettre certaines pendules à l'heure, tout en dénonçant encore une fois le silence des clercs qui a enveloppé d'opacité la véritable situation de la presse dès les premières heures de "l'ère meurtrière".

    L'Affaire Hichem Jaïet


    Dans l'eurphorie du "changement", tous les directeurs de journaux indépendants ont songé d'abord à relancer et à faire leurs réparutions.
    Suspendus pour la plupart depuis 1986 et la dérive de Bourguiba, ils étaient emballés par la Déclaration du 7 novembre qui semblait rassurante au plus grand nombre. Ces reparutions se situèrent au début de 1988. Et c'est alors que par divers canaux (ministère de l'Information, ministère de l'Intérieur et RCD), les responsables de journaux étaient régulièrement "invités" à des réunions de travail au cours desquelles il leur était clairement "suggéré" de laisser le temps au nouveau Président de s'installer. Aucun sujet n'était tabou. Hormis le Palais !!!
    C'est dans ce contexte "d 'autocensure" que surgit l'affaire Hichem Jaïet en décembre 1988. Dans un article désormais célèbre "Points d'ombre", l'éminent historien s'attela à démontrer que dans un véritable régime présidentiel, la puissance du Président ne signifiait pas absence d'organes ou d'institutions qui le contrôlent. Et que, par conséquent, la Tunisie avait tout intérêt à se doter d'organes de contrôle de l'action présidentielle dans le cadre du jeu démocratique qui demande l'existence de contre-pouvoirs.
    A l'heure du laitier, le sinistre Hédi Grioui, alors directeur des Affaires politiques au ministère de l'Intérieur, transmit un rapport à Carthage qui ordonnait sur le champ la saisie de "Réalités". Le journal fut même interdit de parution une semaine plus tard sous pretexte que son directeur, hospitalisé à Lyon, avait pris la fuite. Ce n'est que trois semaines après cet incident qu'il reparut, et que nous pûmes lire sur ces colonnes le plus mensongèrement du monde : "C'est sur intervention du président Ben Ali que l'affaire a été classée sans suite... " Mensonge, certes, mais aussi curieuse idée de l'indépendance de la justice du 7 novembre puisque "c'est sur intervention de ..."
    Aziz Miled, qui avait racheté "Réalités" pour cent millions de millimes, tança alors le patron de "Réalités" et lui fit savoir qu'il ne pourrait plus être le financier de ce journal. En fait, entre 1987 et 1989, Aziz Miled avait investi 140 millions de millimes. Il voulait partir... et c'est là qu'il devint l'un des financiers de la campagne présidentielle du 2 avril 1989 avec, bien sûr, un autre éditeur de maison d'édition. Aziz Miled voulait se désengager et le fit savoir dans son propre bureau de la rue Ibn Khaldoun, au siège de sa compagnie TTS (Tunisian Travel Service). C'est là qu'il dit devant le rédacteur en chef : "On va me ruiner". Grâce à sa pharmacie, Taïeb Zahar signa alors trois traites de 45 millions de millimes par an, avant de réussir à mettre sur la touche le fondateur de "Réalités"...
    Il faut dire que son ami très intime, Hédi Grioui était passé par là...
    Mais revenons à la liberté de la presse : Aziz Miled est devenu un conseiller et même un financier de la campagne du Général président ; "Réalités" a été récupéré; Omar Shabou est emprisonné; et pourtant toutes ces bonnes gens quittaient peu avant le palais en affirmant sur les premières colonnes de leur hebdomadaires : "Nous avons été reçus par le président de la République qui nous a... de son extrême sollicitude..."

    Les éléctions
    du 2 avril 1989



    Dire encore une fois qu'au lendemain du 7 novembre 1987, la presse était libre et que Ben Ali n'y était pour rien est absolument faux. Pour le témoignage, rédacteur en chef à l'époque, je voyais MBM qui tournait en rond dans son bureau en criant : "Qu'est-ce que je vais dire qu'est-ce que je vais écrire ?".
    Au lendemain du fiasco de la première expérience électorale, je lui répondis alors : "N'écris rien, n'écrivons rien".
    Il me répondit : "Si je n'écris rien, demain je serais en prison".
    C'est ainsi que se la coulait douce la presse sous le régime de Ben Ali...
    La boucle est bouclée. Hédi Grioui devient, suite à sa délation, secrétaire d'Etat à l'Information et Fathi Houidi secrétaire permanent du RCD chargé de l'information; la guerre du Golfe est là; et l'on veut nous dire que pour des raisons de sécurité : "Vous devez verrouiller l'information"
    Dans la foulée, des journalistes de sensibilité plutôt arabe sortent avec le patron du RCD, un certain infréquentable Abderrahim Zouari, surnommé Godot.
    Le drapeau américain est brûlé, et les directeurs de journaux laissent pointer à l'horizon une énième libération de leurs plumes. Le mal est fait certes. Mais personne n'a vu que le mal gisait dans le mal même qu'était Ben Ali et son régime.
    Pour se dédouaner, le Général-président et ses apôtres inventèrent pour diversion la création d'un vaste terrain à lôtir à la cité El Ghazzala au profit des journalistes. Il se trouve que le trésorier de l'AJT (Association des journalistes tunisiens), Néjib Lakenji, qui accompagnait Ben Ali jusqu'en Chine, a détourné les fonds de l'Association et de tous ces patients journalistes... Ben Ali avait déjà de bonnes fréquentations.

    1991


    Il ne s'agit pas ici de défendre tous les prisonniers, victimes d'un Code de la presse répressi,f comme Hamadi Jébali (journaliste en prison depuis une dizaine d'années), mais de rappeler que de la même manière que Ben Ali a quadrillé le pays grâce au concours d'anciens généraux de la Stasi (la police secrète d'Allemagne de l'Est), il a aussi verrouiller l'information dès le départ. Et il concrétisa cela grâce à la création de l'ATCE (Agence tunisienne de communication extérieure) fin 90, début 91.
    C'est là que nos vaillants directeurs de journaux ont plié. C'est sous sa coupe qu'ils ont marché.
    Cette agence, omniprésente jusqu'en 1997 à Paris, et qui avait pour vocation de véhiculer la propagande et la "réussite" économique de la Tunisie 7-novembriste, était en réalité un organe qui attribuait (et qui ne cesse d'attribuer) la publicité et les appels d'offres du gouvernement aux journaux.
    Voilà comment une Renault 16 se transforme en Mercédès... Voilà comment l'apprenti des éprouvettes devient un directeur de journal.
    Il serait long d'étayer dans les moindres détails et d'expliquer comment le Général Ben Ali a mis la main sur la presse en Tunisie. Mais de grâce, assez d'imposture. On y reviendra avec de plus amples détails.

    S.B.





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    GRÈVE


    Grèves de la faim.

    - Béchir Abid : prisonnier d'opinion(POCT) entame une grève de la faim depuis le 8 mai 2001. Ses revendication : la permission à ses avocats de le visiter avant que soit décidée sa libération.

    - Hédi Bejaoui : ancien prisonnier d'opinion entame une grève de la faim depuis le 8 mai 2001. Ses revendications: recevoir son passeport et son carnet de soins.

    - Sadok Chourou : prisonnier d'opinion (Ennahdha) entame une grève de la faim depuis le 21 mai 2001. Ses revendications : le droit de visite de sa famille et l'amélioration des conditions de sa détention.



    Ali Saïdi : comme son patron

    Le pseudonyme "grève-de-la-faim" est celui du dénommé Ali Saïdi, ancien de Botzaris, ancien dissident du RCD, soudainement promu à l'été 2000, "chargé de mission" au Cabinet du ministre des Affaires étrangères du Général de renseignement Zine Ben Ali.
    Il serait de l'ordre de l'honnêteté élémentaire de s'adresser aux gens avec un minimum de clarté. Autrement, la démarche apparaît hautement suspecte : les agents du Général en question n'agissent pas de leur propre volonté (ils n'en ont pas, ils l'ont abdiquée).
    Donc, que cherche encore ce personnage trouble sur les listes publiques qu'il doit consulter de son confortable bureau de la Kasbah ?
    Du Renseignement, toujours plus de renseignement, comme son patron...

    Khaled Ben M'barek





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    OPINION


    Chronique
    d'une débâcle annoncée III

    par Derbali

    Faire le tour de la propriété privée de l'affreux Zinétron le fourbe et de ses soudards des 7 familles ; oui la Tunisie, pays béni des dieux, est devenue une propriété privée, dévastée par la corruption, la spéculation, la spoliation et le despotisme. Pays peuplé de serfs au service exclusif des potentats locaux qui se disputent la dépouille agonisante d'une nation renvoyée par ces imbéciles criminels dans les abîmes du Moyen Age et du sous développement. Dans notre chute mortelle, nous ne sommes plus très loin désormais du Rwanda, du Libéria, de la Somalie. Des clans fourbissent leurs armes, les affirmations tribales s'accentuent, les régionalismes s'affirment, la société tunisienne est en état de décomposition avancée. Notre intelligence s'épuise dans la peur de se fondre dans le politiquement correct, dans la masse du bétail, pour surtout ne pas se faire remarquer. Etre singulier, même normal dans la Tunisie de l'éthylique Zinétron, c'est être une cible potentielle. Les poisons mortels du bey de Carthage et de ses janissaires, leur ignorance, leur QI de 5 à l'échelle Himmler/ Goering, le même que celui de la Hyène, leur interdisent toute prévision, toute perspective dans le futur; ils ne rêvent pas, ils sont morts étouffés par leurs excréments. Ils s'empiffrent du présent sanglant et aseptisé. La chape de plomb, la cloche à fromage qu'ils ont mis sur le corps momifié du pays, leur assure la richesse, l'impunité et la razzia totale de tous ses biens. Le crime parfait ! Tout est fictif en Tunise, c'est la 5ème dimension. Sommes-nous seuls sur cette planète à sombrer dans l'humiliation sans aucun recours? Non mais nous ne sommes pas nombreux! Ce qui est sûr par contre, c'est que nous Tunisiens sommes pratiquement le seul peuple qu'on suicide par une sorte de jouissance malsaine, et sous le regard indifférent de forces qui ont agi partout ailleurs dans le monde au nom du droit des hommes à être libres, responsables et respectables. Le Nouvel ordre international est-il un torrent purificateur pour tous les peuples opprimés, écrasés, violés, sauf pour les Tunisiens? Quelle différence fondamentale peut-il y avoir entre Zinétron le fourbe, ses clans de serial killers et Milosevic le vampire serbe? Entre Zinétron le psychopathe et Kabila le défunt Freddy? Entre Zinétron et ses équipes de loosers et Hitler et ses légions de tantouses?
    Tous les secteurs d'initiative et de progrès dans le pays ont été "pacifiés", limités dans l'espace et le temps, au seul service du rat d'égoût de Carthage. Prenons la télévision, pas une seule production qui ne fasse l'éloge du tordu de Carthage et cela va des émissions enfantines aux émissions culinaires. C'est vous dire que 24 heures par jour ne peuvent suffire à cirer une paire de pompes, c'est vous dire notre pauvreté et le crime virtuel qui ronge le cerveau de nos chérubins. Dieu merci, il y a la parabole, c'est vrai mon Dieu, vous nous avez donné ce mal absolu avec son remède, la parabole et l'ingéniosité du peuple tunisien qui refuse de crever par omission! En Tunisie, on refuse aux hommes libres, aux militants des droits de l'homme, aux adversaires politiques de s'exprimer dans les médias nationaux, enfin dans ces médias du Parti unique. Et quand ils s'expriment dans les médias libres, respectables et internationaux, on en fait des traîtres et des ordures. Heureusement qu'"El Djazira" donne la parole à Ghannouchi, heureusement que Ben Brik écrit dans "Libération", heureusement que j'écris dans "L'Audace". Bande de ripoux, au nom de vos magouilles en nationalisme de rigueur, vous essayez de nous plonger dans le froid de l'isolement, ou dans la violence armée; bande de pervers, ça vous arrange que la Tunisie devienne à l'image de l'Algérie : une boucherie à ciel ouvert. Là, vous pouvez assassiner, violer, voler à grande échelle, sans censeurs, sans doigts accusateurs, vous serez montrés en libérateurs contre un "isme" quelconque. Bande de fumiers, vous êtes les traîtres, les fauteurs de troubles, vous préférez l'insulte et la diffamation à l'argument, les ténèbres de vos basses fosses à la lumière du choix majoritairement collectif. La Tunisie éternellement en voix de développement à une Tunisie libre, stable, exemplaire dans ses fondements, dans ses projets et dans l'honneur de ses citoyens. Bien sûr cette Tunisie-là, et tu t'en doutes Zinétron pot de colle, ne peut se faire qu'à tes dépens, contre tes intérêts personnels et ceux de ta bande de prévaricateurs. Alors si tu aimes ta mère, si tes filles représentent quelque chose pour toi, si vraiment tu adores le wishky, fais nous plaisir, casse-toi! Nous, nous ne sommes pas comme toi, nous refusons la logique de la terreur, de la violence et du sang. Nous refusons les chars, les blindés et la troupe dans les artères de Tunis. Nous refusons ta logique imbécile et ta cécité de chauve-souris. Nous voulons être libres, respirer l'air de notre terre qui gonfle les poumons, respirer la sueur de notre travail, l'énergie de nos rêves et de nos aspirations à la recherche du temps perdu. Nous parlons un langage que toi, Zinétron le bête et tes légions de pauvres types, ne comprendrez jamais plus. Vous avez trop de plis, pris trop de défauts dans la facilité du crime et du brigandage. Désormais, vous êtes inaptes à la simple humanité, et à l'image de tes comparses de par le monde, vous êtes des clients dignes du TPI (Tribunal pénal international) et de toutes les instances humanitaires chargées de sévir contre les crimes qui déshonorent l'humanité et rabaissent l'être humain à l'état de bêtes sauvages et enragées.




    26/26 = 7

    Premièrement, je tiens à vous féliciter pour l'excellent forum qu'est "L'Audace". C'est un vrai échappatoire pour toute la colère que tout Tunisien et toute Tunisienne a à l'intérieur de soi.
    Vous vous demandiez dans l'article "Une aventure sans issue" (N¡ 70): "Une bizarrerie que l'on n'a jamais comprise : qu'est ce que c'est ce compte 26-26? Quelle est donc la mystérieuse muse qui a inspiré à Ben Ali l'idée de ce compte et ces chiffres? D'abord pourquoi 26 et 26 quoi? 26 cochons? 26 ânes? 26 verres de whisky? Pourquoi pas 27-27 ou 28-28? 36-36 conviendrait mieux!(...)" C'est bien simple: notre cher Président est ou bien un adepte de numérologie ou bien un ardent joueur de Chkobba : prenons 26-26 ; c'est 2+6=8 et 2+6=8, ensuite 8+8=16, enfin 1+6=7. Et revoici le chiffre magique de notre malheur national!!!La "Sebaa El Hayya"(sept de carreau) est devenue "Hayyat El Mout", un serpent qui est en train d'avaler crus les enfants de la Tunisie, pour ensuite les régurgiter couverts de la salive de notre honte et notre désarroi.

    Lionel





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    DROITS DE L'HOMME


    Lassâd Zitouni, jeune opposant libéral,
    remis en liberté, demeure interdit de sortir de Tunisie

    Ce mercredi 17 mai au soir, vers 23 heures (heure de Paris), nous apprenons que Lassâd Zitouni a retrouvé sa liberté. Au moment où il s'apprêtait à se rendre à Istanbul le 14 mai dernier, il a fait l'objet d'une arrestation arbitraire. Par les quarante-huit heures de détention qui lui ont été infligées, les Autorités ont agi dans le but de le dissuader sous contrainte de sortir de Tunisie.
    Cet incident vient s'ajouter aux innombrables situations dramatiques vécues par des milliers de nos concitoyens. Des situations qui prouvent à tous ceux qui en douteraient encore que le régime actuel, à cours de modèle, ne peut offrir aux Tuniennes et Tunisiens de projet autre que celui réduit à l'interdit, l'obstruction, la violence organisée et le non-droit.
    Nous rappelons à l'opinion publique démocratique que Lassâd Zitouni, responsable de l'Organisation de la Jeunesse sociale libérale (OJSL), Organisation membre de la Fédération internationale de la jeunesse libérale et radicale (IFRLY), a été l'objet d'une interdiction d'expression et d'action politique depuis le 27 février 1999 dans des circonstances qui seront rendues publiques très prochainement. Deux éléments expliquent les privations (travail, déplacements, réunions, contacts, etc.) dont Lassâd Zitouni est constamment victime depuis deux ans: sa qualité de membre actif de la mouvance réformatrice du Parti social-libéral (PSL) du 27 septembre 1997 au 27 février 1999, sabordée sur instruction des plus hautes Autorités politiques et administratives du pays; son intransigeance déclarée sur la légitimité de la direction du PSL élue démocratiquement à l'issue du Congrès du 21 mars 1998 (voir l'hebdomadaire L'Observateur N¡ 265 du 25 au 31 mars 1998)...

    Adel Zitouni






    LES FEMINISTES TUNISIENNES
    APPELLENT A CHANGER LA LOI
    REGLANT L'HERITAGE EN TUNISIE.


    L'Association tunisienne des femmes démocrates lance une campagne de sensibilisation pour l'égalité dans l'héritage et vous demande de signer cet appel massivement.

    Appel pour l'égalité dans l'héritage

    - Parce que nous voulons que l'égalité entre les sexes soit une réalité effective et qu'elle soit la source de notre droit et nos principes législatifs.
    - Parce que nous reconnaissons le rôle accru des femmes tunisiennes dans l'équilibre de la famille, de par leur participation financière, leur apport dans son équilibre économique et l'accumulation des richesses.
    Nous, signataires du présent appel :
    -Considérons qu'il est urgent d'ouvrir un débat national sur la question de l'héritage, un débat où participent toutes les citoyennes et citoyens et toutes les composantes de la société civile.
    - Demandons de mettre fin à la discrimination entre les hommes et les femmes dans l'héritage et établir une égalité totale.



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    PRESSE INTERNATIONALE


    Tibétains et Tunisiens
    manifestent place des Nations

    Un seul but : sauvegarder
    les droits de l'homme dans leur pays

    Hier matin, la Place des Nations était envahie par des communautés soucieuses de maintenir les droits de l'homme dans leur pays.
    Les Tunisiens, d'abord.
    Une quarantaine d'entre eux manisfestaient munis de banderoles explicites : "Solidaires avec la LTDH (Ligue tunisienne des droits de l'homme)" ou encore : "Ben Ali, Halte au pillage de la Tunisie". Un ancien député et cofondateur de la LTDH, M. Chamari, ajoute : "Notre rassemblement symbolique précède plusieurs réunions publiques, notamment à Paris, Lyon et Marseille. Une délégation partira le 3 avril, auprès des parlamentaires européens à Strasbourg et une autre, deux jours plus tard, ira auprès de la Commission et du Conseil de l'Europe à Bruxelles." Les opposants au régime du président Ben Ali ont toutefois été relayés sur les bas-côtés de la Place des Nations par une centaine de manifestants pro-gouvernamentaux, pour la plupart en provenance de France, qui portaient des pancartes faisant l'éloge de la démocratie en Tunisie et des succès économiques du régime en place.

    Soiréé débat


    Ce qui n'a pas empêché les premiers de se retrouver plus tard pour une soirée-débat dans les locaux du parti de l'AdG.
    L'occasion pour Mokhtar Triifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, de dépeindre une réalité terrible de la situation politique en Tunisie : "Les manifestations sont réprimées et les manifestants agressés. Une fois arrêtés, ceux-ci sont torturés par la police, puis emprisonnés dans des conditions effroyables, placés en isolement ou enchaînés. Lorsqu'ils ne sont pas incarcérés, ils subissent de la part des Autorités des mesures punitives, comme des perquisitions abusives à leurs domiciles, des contrôles administratifs contraignants, des refus de percevoir un passeport pour se rendre à l'étranger ou encore des licenciements. Leurs familles sont aussi persécutées et pourchassées. Quant à la justice et à la presse, toutes deux ne sont pas libres, avocats et journalistes jugés plus ou moins critiques étant eux aussi harcelés."
    Une situation que Sihem Bensedrine, porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie, qualifie de "régression historique" et de "désertification de la société", rendues possibles, selon elle, en partie à cause d'un Occident qui a longtemps préféré fermer les yeux sur un régime lui semblant assurer une certaine stabilité en Tunisie face à l'islamisme algérien".
    Quant aux Organisations tibétaines de Suisse, elles en appelaient au président de la République française, Jacques Chirac, en visite à Genève, afin qu'il renonce à s'opposer à une Résolution contre les violations des droits de l'homme au Tibet. La campagne "Free Me!", qui lutte pour la libération de tous les prisonniers politiques au Tibet, fait partie d'une action coordonnée d'envergure internationale. Sur la pelouse de la Place des Nations étaient plantés une centaine de panneaux, représentant chacun un prisonnier politique enfermé dans les geôles chinoises.

    Fabrice Breithaupt
    Sandra Widmer-Joly
    La Tribune de Genève
    31-03-2001





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    CARTE BLANCHE


    Néjib Hosni,
    le nom de la loi

    par Moncef Marzouki

    Chers amis,

    Le phénomène le plus grave dans la déliquescence généralisée des systèmes, des valeurs, des institutions, des mots-mêmes, due à la dictature médiocre qui accable notre pays, est sans conteste le naufrage de la loi.
    Simple paravent à l'arbitraire, appliquée au gré des humeurs, violée par ceux-là mêmes qui sont censés l'appliquer, chantée à longueur de journée par des menteurs professionnels, ridiculisée aussi bien dans les mascarades électorales que dans les Cours des tribunaux, la loi a été et reste la grande victime de la dictature.
    Or, c'est en son nom que Néjib Hosni s'est soulevé depuis déjà vingt ans.
    C'est au nom de la loi violée par des juges à la solde qu'il a refusé d'être juge.
    C'est au nom des innombrables violations de la loi par Bourguiba et Ben Ali qu'il s'est fait avocat des droits de l'homme.
    C'est au nom de la loi manipulée, martyrisée, qu'il est rentré en prison une première fois, victime de la cabale de juges indignes et de politiciens sans foi ni loi.
    C'est au nom de la loi et à son service qu'il est en mission commandée dans ces infâmes prisons de la dictature, où je le vois tout observer, tout noter, réfléchir à la résurrection de la loi, à son installation, à son règne nouveau, à la protection qu'elle doit assurer à tous.
    Du fin fond de sa cellule, il continue d'incarner le combat de la loi pour qu'elle soit un jour chez elle en Tunisie.
    En son nom, le juge intègre qu'il a été, appelle plus fort que jamais, les juges de Tunisie à relever la tête, à sauver leur honneur, celui de leur profession, celui de la Justice.
    En son nom, l'avocat intègre qu'il est appelle une profession menacée à resserrer les rangs pour mieux défendre son indépendance, et à être le rempart de la citadelle de la loi attaquée par les barbares qui veulent nous ramener au statut d'une société sans foi ni loi.
    En son nom, le militant intègre des droits de l'homme nous interpelle tous pour que ce 28 avril 2001 soit le jour où nous réalisons tous dans quelle abysse d'indignité la loi a été jetée en Tunisie.
    Faisons le serment que contre les hors-la-loi, nous rétablirons la loi dans sa grandeur, dans sa majesté, dans sa fonction réelle de protectrice impartiale de nos droits et de nos libertés.
    La souffrance de Néjib Hosni, de sa femme Thouraya, de ses enfants Rabaa, Ghifar, Jihad, Ons et Ines est cette souffrance de l'enfantement de l'Etat de droit de tout un peuple accablé par cette maladie qu'est la dictature, mais déjà si prêt de la guérison.
    Salut à toi, mon frère, mon compagnon veillant sur la loi dans ta cellule puante, comme une mère veille son enfant malade.
    Je laisserais aux autres le soin d'exiger ta libération car moi, je n'ai rien à demander à ceux qui t'ont embastillé, sinon de s'en aller pour que renaisse la Tunisie.
    Comment pourrais-je demander la libération d'un homme libre depuis toujours, car depuis toujours libre dans sa tête et dans son coeur?

    El Kantaoui Sousse
    28/04/2001





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    LA PLUME DÉCHAINÉE


    Pourquoi lui,
    pourquoi Néjib Hosni ?

    Que de fois nous avons été interpellés au CNLT par cette question lancinante. Un type de question que posent généralement ceux qui ont tendance à chercher chez la victime ce qui aurait pu nourrir les ardeurs du bourreau. Nous répondions "oui, rassurez-vous et appaisez votre mauvaise conscience, Néjib a tout pour déplaire à ceux qui nous gouvernent".
    Oui, il est pieux et fait sa prière. Il a aussi signé la pétition des femmes pour l'égalité dans l'héritage, ce que beaucoup de "démocrates" ont refusé de faire.
    Oui, il a osé semer un vent de liberté au Kef, une région névralgique, frontalière de l'Algérie, où toute contestation prend les allures d'une sédition.
    Oui, son courage physique frise l'inconscience à une époque où la lâcheté s'appelle sagesse.
    Ou,i sa probité légendaire ne le préparait pas aux compromissions qui étaient dans l'air du temps.
    Je me souviens de ses visites à mon bureau ces années noires (91-93) alors qu'il était secrétaire général de la section du Kef de la LTDH. Il arrivait, tenant par la main sa petite Rabâa, âgée alors de 6 ans, et me racontait les exactions de la police au Kef, à Jendouba ou à Kasserine. Ce qui le révoltait surtout, c'était la lâcheté des juges et des démocrates qui observaient, complices, cette machine infernale broyant du citoyen. Il était déchiré entre plusieurs juridictions qui examinaient des dizaines d'affaires politiques d'islamistes par jour et il lui était souvent arrivé de se constituer en audience pour des prévenus sans avocats.
    Puis la machine l'a happé à son tour en 1994. La détention à la sûreté de l'Etat, la parodie de justice, la prison, la torture et les humiliations, celles qu'on lui faisait subir, mais surtout celles des autres, le faisaient davantage souffrir. Il avait coutume de dire "en prison, on t'oblige à laisser ta dignité au vestiaire!" Un jour, il avait interpellé Rachid Driss, en visite d'inspection à la prison civile de Tunis, sur les traitements dégradants qu'on faisait subir à un vieillard de 65 ans (battu à sang et exposé nu dans la cour, les fers aux mains!). Ce dernier rétorqua : "Les gardiens connaissent leur boulot, vous n'êtes pas dans un hôtel 4 étoiles!". Il avait alors compris la vraie fonction de ce Président du très officiel "Haut comité des droits de l'homme", ancien sympathisant de la jeunesse hitlérienne, par ailleurs.
    A sa sortie de prison en décembre 1996, Néjib était plus déterminé que jamais à poursuivre son combat pour la dignité humaine, mais sans haine ni esprit de vengeance. Il découvrait l'ampleur des dégâts sur les institutions et les hommes, et éprouvait un besoin urgent de reconstruire une Tunisie citoyenne, "républicaine", précisait-il !
    Et ce fut le Conseil des libertés.
    Je me souviens surtout de tous ces moments de complicité que nous avons partagés, à fomenter un rapport ou un communiqué, prêt à l'arrestation et à l'emprisonnement, mais heureux de cette chaleur qui vous soude dans les épreuves.
    Chaque semaine que Dieu fait, Néjib arrivait toujours à l'heure aux réunions, plus ponctuel que les Tunisois, enveloppé dans sa "Kachabia" de laine qui le protégeait du froid glacial keffois, conduisant sa 404 bâchée, brinquebalante, à laquelle il avait fait avaler 10 dinars de mazout empruntés chez un ami pour faire l'aller-retour au Kef, aux dépens de son petit déjeuner qu'il sautait, donnant la priorité à sa goulue voiture qui devait le mener à ses réunions interdites. Néjib ne s'est jamais plaint de l'étranglement économique que lui faisait subir le pouvoir, allant jusqu'à l'empêcher de vendre au marché les produits du petit lopin de terre qu'il cultivait au Sers pour nourrir sa famille.
    Sa rigueur de juriste nous était d'un grand secours, et il sautait comme un enfant lorsqu'il trouvait le mot juste. Aujourd'hui, Néjib nous manque beaucoup. Il est pris en otage et paye pour nous tous !
    Mais nous restons persuadés que la force de votre formidable solidarité et de votre amitié, vous tous qui êtes réunis ce soir, le sortira bientôt de prison, nous l'espérons et nous fêterons ensemble cette victoire.

    Sihem Bensedrine
    Porte-parole du CNLT
    Tunis, le 28 avril 2001

    N.D.L.R : Bravo Sihem, Néjib est aujourd'hui libre.





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    Lisez
    "El Jour'a "
    "L'Audace " dans son arabe
    16 pages
    n°1 - Février 2001
    15 F en kiosque





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